Des touches modernes pour redonner vie au kimono

(Photo fournie par hiyoko, GARO et Takuya Angel)

(Photo fournie par hiyoko, GARO et Takuya Angel)

Le kimono japonais est une tradition vestimentaire qui possède plus de mille ans d’histoire. Pendant longtemps, sa popularité semblait décliner, au fur et à mesure que la tenue quotidienne des Japonais s’occidentalisait. Aujourd’hui, les jeunes Japonais portent généralement des kimonos uniquement lors des événements cérémoniels importants, comme le Shichi-Go-San (rite de passage pour les enfants) ou le jour de leur cérémonie de majorité Cependant, un nombre croissant de jeunes commencent à réadopter le kimono, en l’associant à des éléments modernes et en introduisant de nouvelles façons de revisiter la tradition. Voyons comment certains réinventent le kimono avec créativité.

Le retour du kimono

La récente résurgence de la mode intégrant des éléments traditionnels japonais est en partie due à des créateurs de mode japonais visionnaires. Parmi eux, YOSHIKI, leader du légendaire groupe de rock japonais X JAPAN, met en avant la beauté du kimono. En tant que fils d’un propriétaire de magasin de kimonos, ces vêtements lui ont toujours été chers. Il affirme que, tout en chérissant la tradition, il souhaite exprimer des idées éloignées de celle-ci, même si dépasser les cadres existants est parfois critiqué : c’est là l’essence de l’art. Certaines de ses créations originales incluent des kimonos ornés d’images du célèbre anime L’Attaque des Titans ou d’autres inspirés de Blood Red Dragon, un comics Marvel dont YOSHIKI est le personnage principal. Ses designs saisissants célèbrent les bandes dessinées et l’animation japonaise et américaine tout en respectant les traditions japonaises. Il souhaite que les gens se libèrent de leurs idées préconçues sur le kimono et prennent plaisir à le porter avec une attitude plus ouverte. En alliant précieuses traditions et designs innovants, il contribue à revitaliser l’industrie du kimono.

YOSHIKI adopte la beauté traditionnelle du kimono tout en y intégrant des changements radicaux, comme des motifs issus de bandes dessinées. (Photo fournie par YOSHIKIMONO)

Gauche : YOSHIKI, leader du légendaire groupe de rock japonais X JAPAN. (Photo fournie par YOSHIKIMONO)
Centre : Un kimono orné d’images du célèbre anime L’Attaque des Titans. (Photo fournie par YOSHIKIMONO)
Droite : Un kimono inspiré de Blood Red Dragon, un comics Marvel dont YOSHIKI est le personnage principal. (Photo fournie par YOSHIKIMONO)

Haut : YOSHIKI, leader du légendaire groupe de rock japonais X JAPAN. (Photo fournie par YOSHIKIMONO)
Centre : Un kimono orné d’images du célèbre anime L’Attaque des Titans. (Photo fournie par YOSHIKIMONO)
Bas : Un kimono inspiré de Blood Red Dragon, un comics Marvel dont YOSHIKI est le personnage principal. (Photo fournie par YOSHIKIMONO)

S’habiller selon l’occasion

Une coutume importante dans le monde du kimono est de coordonner sa tenue en fonction de l’occasion. Chaque élément de la tenue, comprenant le kimono, l’obi (ceinture), l’obidome (accessoire ornant la ceinture) et le kanzashi (épingle décorative pour les cheveux), est l’occasion de montrer que vous avez pris soin de votre apparence. La saison, l’événement, le lieu et la personne que vous rencontrerez sont autant de facteurs à prendre en compte. Il existe différents types de kimono selon le degré de formalité de l’événement, ainsi que des fleurs et des couleurs associées à chaque saison. Mais il est même possible d’aller encore plus loin. Par exemple, pour l’anniversaire d’un ami, vous pouvez le célébrer en portant sa couleur préférée ou quelque chose d’autre qui lui est significatif. Savoir repérer les subtilités dans la tenue de quelqu’un fait partie des plaisirs liés au kimono.

Gauche : Cette tenue hivernale comprend un kimono orné de motifs de bambous et de moineaux, accompagné d’un haori (manteau) discrètement orné de flocons de neige. (Photo fournie par chansato3)
Droite : Cette tenue de kimono est dédiée à la pleine lune des moissons d’automne. Elle met en avant des couleurs automnales, un obi (ceinture) avec des motifs de nouvelles lunes et de pleines lunes, et un obidome (accessoire ornant la ceinture) à l’effigie d’un lapin. Les lapins sont associés à la lune dans le folklore japonais. (Photo fournie par chansato3)

Haut : Cette tenue hivernale comprend un kimono orné de motifs de bambous et de moineaux, accompagné d’un haori (manteau) discrètement orné de flocons de neige. (Photo fournie par chansato3)
Bas : Cette tenue de kimono est dédiée à la pleine lune des moissons d’automne. Elle met en avant des couleurs automnales, un obi (ceinture) avec des motifs de nouvelles lunes et de pleines lunes, et un obidome (accessoire ornant la ceinture) à l’effigie d’un lapin. Les lapins sont associés à la lune dans le folklore japonais. (Photo fournie par chansato3)

Aujourd’hui, les jeunes adoptent cette coutume de manière innovante avec des looks de kimono qui repoussent les limites traditionnelles. Par exemple, certains créent de nouveaux looks de kimono pour des occasions qui ne sont pas traditionnellement japonaises, comme Halloween ou Noël. D’autres associent leur passion pour les kimonos à leur amour des parcs à thème, en s’y rendant vêtus de kimonos inspirés de leurs personnages préférés. Ces tenues contiennent souvent des références subtiles que seuls les autres fans peuvent remarquer.

Gauche : Pour une visite d’Halloween à la ferme aux citrouilles, cette passionnée de kimono a assorti un kimono sobre et rustique avec des touches d’orange dans l’obiage (tissu cachant le coussin de l’obi) et l’obijime (accessoire ornant la ceinture), ainsi qu’un obi (ceinture) orné d’un motif de chat noir. (Photo fournie par Kimono Anna)
Droite : Pour un « afternoon tea » britannique sur le thème des roses, une femme porte un yukata (kimono plus léger et décontracté) à motifs de roses, agrémenté de détails en dentelle. (Photo fournie par creamy_kimono)

Haut : Pour une visite d’Halloween à la ferme aux citrouilles, cette passionnée de kimono a assorti un kimono sobre et rustique avec des touches d’orange dans l’obiage (tissu cachant le coussin de l’obi) et l’obijime (accessoire ornant la ceinture), ainsi qu’un obi (ceinture) orné d’un motif de chat noir. (Photo fournie par Kimono Anna)
Bas : Pour un « afternoon tea » britannique sur le thème des roses, une femme porte un yukata (kimono plus léger et décontracté) à motifs de roses, agrémenté de détails en dentelle. (Photo fournie par creamy_kimono)

Célébration des cultures du monde avec le kimono

Une autre manière dont la tradition du kimono se modernise et devient plus cosmopolite est l’introduction de nouveaux tissus. Tout comme la nourriture et la langue, les tissus peuvent être des expressions d’une culture. Au Japon, il existe de nombreux tissus de kimono spécifiques à différentes régions. Dans la froide préfecture de Niigata, le tissu de ramie Ojiya chijimi est étendu sur la neige pour sécher, produisant des teintes blanches et de couleurs éclatantes. Dans la tropicale Okinawa, le tissu bashofu est fabriqué à partir de feuilles de bananier.

De même, partout dans le monde, les tissus sont l’expression des cultures locales. Aujourd’hui, certaines passionnées de kimono célèbrent les cultures du monde en intégrant ces tissus dans leurs créations. L’une de ces personnes que nous avons rencontrées se met à la quête de tissus intéressants à utiliser pour ses kimonos à chaque fois qu’elle voyage. Par exemple, son kimono original en tweed est le fruit d’un voyage en Angleterre. Pour elle, le kimono est un moyen d’expression créatif qui lui permet de jouer avec les cultures du monde. Une autre passionnée de kimono a été inspirée par ses études en arabe et son expérience d’études en Syrie pour créer des kimonos en utilisant des tissus du Moyen-Orient. Elle intègre désormais des tissus de nombreuses régions, notamment d’Afrique et d’Asie du Sud et du Sud-Est. Elle souligne que des tissus étrangers ont été utilisés dans les vêtements japonais depuis des siècles, et qu’elle perpétue ainsi une tradition. Ce qui est important pour elle, c’est d’honorer le tissu et sa culture, en évitant de le découper de manière inappropriée ou de le traiter de façon irrespectueuse.

Gauche : Une passionnée de kimono montre son kimono sur-mesure réalisé avec du tweed qu’elle s’est procurée lors d’un voyage en Angleterre. Elle recherche des tissus intéressants à utiliser pour ses kimonos à chaque fois qu’elle voyage. (Photo fournie par Kimono Anna)
Centre : Cette passionnée de kimono s’approprie des tissus du Moyen-Orient ainsi que d’Asie du Sud et du Sud-Est. Ici, elle porte son kimono confectionné à partir de tissu d’abaya saoudien brodé, un obi (ceinture) fait de tissu de jalabiya égyptien, et un obiage (tissu cachant le coussin de l’obi) en foulard de chintz indien. (Photo fournie par Yuho @arabian_kimono)
Droite : Ce kimono original a été fabriqué à partir de tissu de saris indiens. (Photo fournie par Yuho @arabian_kimono)

Haut : Une passionnée de kimono montre son kimono sur-mesure réalisé avec du tweed qu’elle s’est procurée lors d’un voyage en Angleterre. Elle recherche des tissus intéressants à utiliser pour ses kimonos à chaque fois qu’elle voyage. (Photo fournie par Kimono Anna)
Centre : Cette passionnée de kimono s’approprie des tissus du Moyen-Orient ainsi que d’Asie du Sud et du Sud-Est. Ici, elle porte son kimono confectionné à partir de tissu d’abaya saoudien brodé, un obi (ceinture) fait de tissu de jalabiya égyptien, et un obiage (tissu cachant le coussin de l’obi) en foulard de chintz indien. (Photo fournie par Yuho @arabian_kimono)
Bas : Ce kimono original a été fabriqué à partir de tissu de saris indiens. (Photo fournie par Yuho @arabian_kimono)

Briser les règles

L’univers du kimono peut sembler intimidant, même pour les Japonais. L’existence d’experts en kimono qui encadrent des ateliers et même d’un examen officiel de certification témoigne de la richesse et de la complexité de cette tradition. Mais jusqu’à quel point est-il essentiel de respecter les règles et coutumes qui entourent le port du kimono ?

Même pour ceux qui aiment être créatives et repousser les limites avec leurs looks de kimono, il est préférable de respecter certaines règles. Par exemple, lorsqu’on ferme le devant d’un kimono, le côté gauche doit toujours passer par-dessus le côté droit. La seule exception à cette règle concerne les défunts, il vaut donc mieux ne pas être créatif à ce sujet. Par ailleurs, des cols impeccables et soignés, ainsi qu’un pli unique bien fait sous l’obi, appelé ohashori, sont des marques d’une personne expérimentée dans le port du kimono. Respecter ces pratiques témoigne d’un profond respect de la tradition du kimono, tout en laissant place à une infinité d’opportunités pour la créativité.

Gauche : Même dans ce kimono audacieux en jean, on peut constater le respect des règles, comme celle du côté gauche sur le côté droit. (Photo fournie par chansato3)
Droite : Même lorsqu’elle repousse les limites avec ses looks modernes de kimono, cette passionnée de kimono est fière de ses cols impeccables et de son ohashori soigné (pli unique sous la ceinture). (Photo fournie par Kanon Yuuki)

Haut : Même dans ce kimono audacieux en jean, on peut constater le respect des règles, comme celle du côté gauche sur le côté droit. (Photo fournie par chansato3)
Bas : Même lorsqu’elle repousse les limites avec ses looks modernes de kimono, cette passionnée de kimono est fière de ses cols impeccables et de son ohashori soigné (pli unique sous la ceinture). (Photo fournie par Kanon Yuuki)

D’autre part, de nombreux pratiquants de longue date se disent encouragés par les jeunes qui brisent les traditions et insufflent une nouvelle vie au kimono. Malgré toutes les règles et coutumes, il est important de se rappeler que le kimono reste avant tout un vêtement. En réalité, le mot kimono signifie littéralement "chose à porter". Une adepte du kimono déclare : « Je veux que les gens prennent plaisir à porter le kimono, même si c’est juste pour aller à l’épicerie. » En conciliant tradition et innovation, un nombre croissant de personnes adoptent le kimono et le réinventent comme une forme d’art qui permet aussi de s’amuser.