Les fascinants changements de l’univers de la mode à Harajuku

(Photo fournie par 6%DOKIDOKI)
Harajuku est un quartier de Tokyo réputé comme étant le cœur de la mode japonaise. C’est là que se retrouvent les jeunes et que naissent des styles avant-gardistes, certains rayonnant bien au-delà des frontières du Japon. Peut-être connaissez-vous d’anciennes tendances de Harajuku, comme le style Decora qui consiste à se parer d’une multitude d’accessoires colorés, ou bien le style Lolita qui consiste à s’habiller comme une poupée ? La scène de la mode de Harajuku est en perpétuelle évolution, avec l’émergence constante de nouvelles tendances. Comment cet univers a-t-il changé ces dernières années, et quelle sera la prochaine mode qui conquerra le monde depuis Harajuku ? Jetons un coup d’œil sur ce qui se passe en ce moment à Harajuku pour découvrir où les tendances nous mèneront.
Évolution du marché
Pendant la majeure partie de son histoire en tant que quartier de la mode, Harajuku a vu ses idées se propager principalement dans sa communauté grâce aux magazines de mode locaux spécialisés dans le street style. Mais l’ère numérique n’a pas été tendre avec ces publications. En 2017, le plus grand de ces magazines a cessé de paraître, marquant la fin d’une époque. Aujourd’hui, l’esprit des anciens magazines de mode de Harajuku survit à travers les photographes de rue présents sur les réseaux sociaux. S’il est triste que les anciens magazines aient disparu, les réseaux sociaux offrent toutefois une portée bien plus grande, permettant aux dernières tendances de Harajuku d’être appréciées dans le monde entier.
On observe également un changement en termes de taille des acteurs du marché, avec une montée en puissance des petits créateurs indépendants. Certaines nouvelles boutiques, spécialement conçues pour mettre en avant ces nouveaux talents, proposent plusieurs petits espaces à louer à un prix abordable. Les créateurs peuvent personnaliser leur espace et y exposer leurs créations originales, tandis que la boutique se charge des aspects commerciaux. Ce modèle aide les marques émergentes à mettre un pied dans le milieu et contribue à créer un marché de la mode plus diversifié, au bénéfice de tous.
Gauche : Dans cette boutique, chaque compartiment est dédié à un artiste indépendant. Les artistes peuvent ainsi exposer et vendre leurs créations réalisées à la main, qu’il s’agisse aussi bien d’objets de mode, d’œuvres d’art ou d’articles originaux. (Photo fournie par Laforet HARAJUKU)
Droite : Les créateurs indépendants enrichissent le marché de la mode avec des accessoires conçus sur mesure.
Haut : Dans cette boutique, chaque compartiment est dédié à un artiste indépendant. Les artistes peuvent ainsi exposer et vendre leurs créations réalisées à la main, qu’il s’agisse aussi bien d’objets de mode, d’œuvres d’art ou d’articles originaux. (Photo fournie par Laforet HARAJUKU)
Bas : Les créateurs indépendants enrichissent le marché de la mode avec des accessoires conçus sur mesure.
La clientèle a également évolué ces dernières années. Avec la notoriété croissante de la mode de Harajuku à l’international, le nombre de clients étrangers a considérablement augmenté. Certaines boutiques vendent désormais plus en expédiant des commandes à l’étranger, plutôt qu’aux clients qui viennent en personne au magasin. En outre, la diversité des clients s’est élargie. Les marques s’adaptent à ces changements en proposant davantage de vêtements sans distinction de genre, conçus pour plaire à tous.
Gauche : Dans les rues de Harajuku, de plus en plus d’hommes arborent maquillage, manucure et autres attributs traditionnellement féminins. (Photo fournie par OYB CLUB LLC. Photographie de ©poishx. Nail art par Tomoya Nakagawa)
Droite : Pour répondre à l’augmentation des clients étrangers, le nombre de membres du personnel anglophones a également augmenté. (Photo fournie par 6%DOKIDOKI)
Haut : Dans les rues de Harajuku, de plus en plus d’hommes arborent maquillage, manucure et autres attributs traditionnellement féminins. (Photo fournie par OYB CLUB LLC. Photographie de ©poishx. Nail art par Tomoya Nakagawa)
Bas : Pour répondre à l’augmentation des clients étrangers, le nombre de membres du personnel anglophones a également augmenté. (Photo fournie par 6%DOKIDOKI)
L’émergence de nouveaux styles
Autrefois, les fashionistas de Harajuku se consacraient souvent au style ou au genre spécifique auquel elles s’identifiaient le plus, que ce soit le Decora, le gothique ou le Lolita. Aujourd’hui, les frontières entre ces univers s’estompent. Les gens préfèrent créer leur propre langage vestimentaire unique en se parant d’accessoires qui expriment leur personnalité.
La mode kawaii (mignon), symbole de Harajuku depuis longtemps, évolue désormais en se mêlant à d’autres esthétiques pour créer des styles inédits. Le style futuriste ou cyber kawaii mêle des couleurs néon audacieuses et des motifs évoquant le genre musical japonais city pop des années 1980, avec une prédilection particulière pour les tissus synthétiques brillants. Une autre tendance marie la mode kawaii de Harajuku à la culture geek des anime de mecha et des jeux vidéo. Dans ce style, des jupes et des bas mignons sont associés à des armures de combat en acrylique faites à la main, dignes d’un pilote de robot d’anime ou d’un héros de jeu vidéo. Enfin, dans un mélange apparemment contradictoire, le dark kawaii fusionne des personnages japonais, célèbres pour leur adorable apparence, avec le style gothique. On peut ainsi voir des chatons et des ours tout mignons avec des ailes et des cornes effrayantes et avec, bien sûr, beaucoup de noir.
Gauche : Les looks qui fusionnent kawaii et mode cyber recourent largement aux couleurs néon et aux tissus synthétiques. (Photo fournie par AIKA ELECTRONICS)
Centre : Ce serre-tête avec des oreilles de chat robotiques s’inspire à la fois de la culture de la mode kawaii de Harajuku et de la culture des anime et des jeux vidéo. (Photo fournie par ©CTCTYO)
Droite : Le dark kawaii mélange d’adorables personnages, tels que des ours en peluche, avec des influences de la mode gothique. (Photo fournie par TRAVAS TOKYO)
Haut : Les looks qui fusionnent kawaii et mode cyber recourent largement aux couleurs néon et aux tissus synthétiques. (Photo fournie par AIKA ELECTRONICS)
Centre : Ce serre-tête avec des oreilles de chat robotiques s’inspire à la fois de la culture de la mode kawaii de Harajuku et de la culture des anime et des jeux vidéo. (Photo fournie par ©CTCTYO)
Bas : Le dark kawaii mélange d’adorables personnages, tels que des ours en peluche, avec des influences de la mode gothique. (Photo fournie par TRAVAS TOKYO)
Bien que de nouveaux styles ne cessent d’apparaître, la mode de Harajuku est parfois cyclique. Les survêtements et autres vêtements de sport, autrefois considérés comme ringards et réservés aux cours de gym, sont revenus à la mode. Bien que cela semble nouveau, les professionnels de l’industrie reconnaissent qu’il s’agit en réalité d’un retour aux tendances des années 1990. Ainsi, lorsqu’un style disparaît, ce n’est peut-être pas un « au revoir », mais plutôt un « à bientôt ! ».
Adopter la technologie
Dans les studios de design où naissent les nouveaux looks, de nouveaux outils et matériaux élargissent les possibilités de production et ouvrent la voie à de nouvelles façons de vivre la mode.
Un créateur de mode vétéran de Harajuku explore de nouveaux matériaux et de nouvelles technologies depuis des décennies. Aujourd’hui, il repousse les limites de la mode jusque dans le monde virtuel. Son travail a récemment été présenté à Los Angeles lors d’une exposition de la culture japonaise kawaii. Un casque VR et un énorme ours en peluche y étaient exposés. En portant le casque VR, les visiteurs pouvaient accessoiriser l’ours selon le style propre au créateur, c’est-à-dire avec une surcharge colorée de jouets et de bonbons.
Gauche : Ce grand créateur de mode de Harajuku travaille constamment avec de nouveaux matériaux et de nouvelles technologies. Ce sac en cuir PU holographique avec impression personnalisée n’aurait autrefois pas été possible à concevoir. (Photo fournie par 6%DOKIDOKI)
Droite : Le dernier projet de ce créateur permet aux visiteurs du musée d’interagir avec ses créations dans un monde virtuel. (Photo fournie par ©︎Sebastian Masuda)
Haut : Ce grand créateur de mode de Harajuku travaille constamment avec de nouveaux matériaux et de nouvelles technologies. Ce sac en cuir PU holographique avec impression personnalisée n’aurait autrefois pas été possible à concevoir. (Photo fournie par 6%DOKIDOKI)
Bas : Le dernier projet de ce créateur permet aux visiteurs du musée d’interagir avec ses créations dans un monde virtuel. (Photo fournie par ©︎Sebastian Masuda)
Un autre artiste japonais, que nous avons rencontré, fait sensation dans le monde entier avec ses créations de nail art fantaisistes en acrylique. Grâce à des logiciels de modélisation 3D et des imprimantes 3D, il réalise des ongles qui semblent tout droit sortis d’un rêve. Bien qu’il soit désormais basé à New York, cet artiste a grandi à Tokyo et a été immergé dans la culture de Harajuku dès son plus jeune âge. Aujourd’hui, il crée des ongles sur mesure pour certaines des plus grandes célébrités du monde, allant des rappeurs américains aux groupes d’idoles coréens. L’influence de Harajuku dans ses créations est évidente, avec des éléments futuristes, des couleurs bonbon et une bonne touche de chrome.
Les ongles hors du commun de cet artiste présentent des structures futuristes ressemblant à des antennes, le tout avec des couleurs bonbon. (Photos fournies par Tomoya Nakagawa)
« J’espère que les visiteurs étrangers viendront à Harajuku non pas une fois, mais plusieurs fois, car c’est un quartier en constante évolution avec tout le temps de nouvelles boutiques qui apparaissent », nous a dit cet artiste de nail art. En effet, avec l’émergence continue de nouvelles technologies et de nouveaux styles, on ne s’ennuie jamais dans les rues de Harajuku !