La musique city pop à la conquête du monde
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(Photographie reproduite avec l'aimable autorisation de FACE RECORDS MIYASHITA PARK)
La city pop, un genre musical japonais datant du milieu des années 1970, s'est récemment fait connaître dans le monde entier. Certains clips ont été visionnés plus de 50 millions de fois sur les sites de partage de vidéos, et un morceau a même monopolisé la première place du classement des musiques virales d'un grand service de streaming musical pendant plus de deux semaines. Pourquoi la city pop connaît-elle cette popularité soudaine auprès des amateurs de musique du monde entier ?
Qu'est-ce que la city pop ?
La city pop est un genre musical sans réelle définition précise. Il désigne dans l'ensemble les chansons pop avec une « ambiance urbaine », devenues populaires au Japon au milieu des années 1970 et dans les années 1980.
Les principaux artistes représentatifs de la city pop sont Ohtaki Eiichi, Yamashita Tatsuro, Ohnuki Taeko, Yoshida Minako, Matsutoya Yumi et Takeuchi Mariya. Le point commun entre ces derniers est leur forte inspiration de la musique occidentale. Les styles de musique populaires au Japon au milieu des années 1970 étaient des chansons folkloriques aux paroles travaillées, ainsi qu'un premier genre de pop japonaise appelé Kayokyoku (musique populaire). A contrario, les artistes de city pop cités ci-dessus puisaient leur inspiration dans la musique pop, rock et afro-américaine contemporaine. Ils jouaient avec les codes de la musique occidentale pour créer un style de musique pop japonais original.
« SONGS », l'unique album du groupe de city pop Sugar Babe. (©THE NIAGARA ENTERPRISES INC.)
Dans les années 1970, la city pop n'était pas un genre prédominant dans l'industrie musicale japonaise. Cependant, elle s'est progressivement imposée chez la jeunesse branchée grâce à ses compositions sonores travaillées, ses mélodies et ses progressions d'accords occidentales, ainsi que son ambiance urbaine qui dénotait par rapport aux styles de musique populaires au Japon à l'époque.
Dans les années 1980, l'essor de la société de consommation a permis à la jeune génération de mener un mode de vie aisé. Il n'était pas rare de voir des étudiants habillés avec des vêtements de marque rouler au volant de leur propre voiture en ville. Dans cet environnement en évolution permanente, les artistes de city pop se sont rapidement fait connaître du grand public. De nouveaux singles et albums sortaient constamment, et certains morceaux étaient même repris dans des publicités. C'est à cette époque que le nom « city pop » a commencé à émerger dans les médias. Au milieu des années 1980, le Japon a connu un essor économique sans précédent. La scène musicale japonaise était plus active que jamais et le groupes japonais rencontraient un vif succès.
L'album « A LONG VACATION » d'Ohtaki Eiichi est représentatif de la city pop des années 1980. (©THE NIAGARA ENTERPRISES INC.)
De nombreux artistes ont sorti des albums au son travaillé. Certains sont encore populaires aujourd'hui. (Photographie reproduite avec l'aimable autorisation de FACE RECORDS MIYASHITA PARK)
Un carrefour à l'origine d'une nouvelle culture
Bien que la city pop ait considérablement marqué la scène musicale japonaise des années 1970 et 1980, ce genre principalement écouté au Japon peinait à s'exporter à l'étranger. Cependant, les années 2010 ont marqué un véritable tournant dans son histoire. Certains amateurs de musique au-delà des frontières japonaises ont progressivement commencé à mettre en ligne des chansons de city pop sur des sites de partage de vidéos.
La chanson « Plastic Love » de Takeuchi Mariya (1984), particulièrement emblématique de la city pop, a connu un franc succès à l'étranger. Bien qu'elle n'ait pas vraiment marqué le public à l'époque de sa sortie, cette chanson est parvenue à séduire des personnes ne parlant pas japonais grâce à sa mélodie douce-amère et son excellente composition. Sa popularité n'a cessé de croître depuis, et elle est maintenant considérée comme un hymne de la city pop.
La jaquette du disque « Plastic Love » de Takeuchi Mariya. Image reproduite avec l'aimable autorisation de Warner Music Japan.
La renaissance du vinyle dans le monde à partir des années 2010 a également contribué à la redécouverte de la city pop. Aujourd'hui, les disques de city pop d'occasion sont très recherchés par les amateurs de musique, tandis que plusieurs morceaux du genre figurent dans les playlists des DJ.
La découverte de la city pop par les musiciens et les DJ étrangers a conduit à un renouveau du genre à l'échelle mondiale. (Photographie reproduite avec l'aimable autorisation de FACE RECORDS MIYASHITA PARK.)
Récemment, la chanson Mayonaka no door (Stay with me) de Matsubara Miki sortie en 1979 a beaucoup fait parler d'elle. Cette chanson est devenue virale après avoir été mise en ligne par un fan inconditionnel de city pop sur un site de partage de vidéos. Face à ce phénomène, la maison de disques a relancé la vente du disque et l'a mis à disposition sur les services de streaming musical, où il a monopolisé la première place du classement mondial des musiques virales pendant 18 jours de suite.
La chanson Mayonaka no door (Stay with me) de Matsubara Miki a été rééditée en version single en 2021. (℗Pony Canyon Inc.)
De plus en plus de jeunes à l'étranger écoutent non seulement de la city pop, mais reprennent également certains morceaux pour créer de nouvelles musiques influencées par ce genre. Un grand nombre de ces chansons de « néo city pop », dont l'interprétation présente souvent une atmosphère différente des morceaux japonais originaux, sont disponibles sur les sites de partage de vidéos.
La city pop, autrefois unique au Japon, est devenue un véritable pont entre différentes cultures musicales du XXIe siècle.