Des mets japonais pour les occasions spéciales et exprimant les souhaits des gens en fonction des événements saisonniers

   Des plats spéciaux sont consommés lors des événements saisonniers et des fêtes. Au Japon, ces mets spéciaux utilisent des ingrédients de saison et les gens les consomment en souhaitant le bonheur et la santé de leurs proches. Cet article présente les mets consommés lors des événements spéciaux au Japon et que vous devriez absolument essayer, même si vous vivez à l'étranger.

Les plats pour les occasions spéciales : un lien entre les événements et la nourriture

   Au Japon, de nombreux événements spéciaux sont organisés à chaque saison, tout au long de l'année. Par exemple, lors du Momo no sekku (jour des filles) et du Tango no sekku (jour des garçons), les gens prient pour la bonne santé de leurs enfants. Lors du Setsubun (dernier jour de l'hiver), les gens souhaitent que leurs proches puissent vivre heureux et en bonne santé, et lors du Jugoya (festival durant lequel on contemple la lune d'automne), les gens prient pour avoir de bonnes récoltes. La tradition veut que l’on mange des plats spéciaux préparés avec des produits de saison et des ingrédients qui ont une histoire liée à chaque événement. Ainsi, les nombreux plats de fêtes consommés au cours des quatre saisons ont enrichi la culture alimentaire du Japon.

   Autrefois, la nourriture n’abondait pas et il était donc important de bien se nourrir, aussi bien en termes de quantité que de qualité. Les événements annuels, les cérémonies et autres jours spéciaux étaient appelés hare et les jours ordinaires ke. De cette façon, il y a toujours eu une séparation entre les moments ordinaires et les moments spéciaux, avec des plats, des vêtements et des décorations intérieurs pour chacun de ces moments. Les jours hare, les gens se reposaient, mangeaient des mets spéciaux pour l'occasion et faisaient le nécessaire pour que la journée se distingue des autres jours de la vie ordinaire. Cela leur permettaient ainsi de rompre la monotonie du quotidien et de se changer les idées.

Les grands événements annuels et les plats spéciaux au Japon

   Cette section présente quelques-uns des grands événements organisés tout au long de l'année au Japon, les plats spéciaux liés à ces événements et leur attrait.

Oshogatsu (janvier, jour de l'An)

   L’ osechi ryori est un repas pour célébrer le début de l'année. Les gens préparent ce repas de sorte à ce qu'il dure longtemps, par exemple en donnant une saveur forte aux aliments. Cette tradition permet aux gens de prendre le temps de saluer les divinités pour l'année à venir lors du Shogatsu (période du Nouvel An) et ce sans avoir à faire de travaux ménagers. Chaque plat de ce repas possède sa propre signification. Par exemple, les crevettes symbolisent, par leurs postures courbées, la longévité, tandis que le mot japonais tai (daurade) ressemble au mot medetai qui signifie « bonheur » et « joie ». Ces plats sont emballés dans des boîtes empilés dont la disposition représente de multiples couches de bonheur. Cela montre bien à quel point ce repas est synonyme de joie.

Osechi dans des boîtes empilables

Famille mangeant de l’osechi

Nanakusa no sekku (janvier, fête des sept herbes)

   Le 7 janvier, il est de coutume de manger de la bouillie de riz aux sept herbes (nanakusa-gayu). Ce jour est appelé Nanakusa no sekku. Le mot sekku désigne un jour qui marque une étape importante au cours d’une saison et durant lequel les gens organisent un événement annuel traditionnel. Le nanakusa-gayu est préparé en faisant cuire du riz avec sept variétés d’herbes fraîches appelées nanakusa de sorte à obtenir une bouillie au goût simple. Cette bouillie permet à l'estomac de se reposer après l’osechi ryori et autres repas de fêtes consommés durant la période du Shogatsu. Ce plat contient également de la vitamine C dont on a tendance à manquer en hiver. Ce jour-là, les gens mangent du nanakusa-gayu, reçoivent l’énergie de la nature et se souhaitent de passer une année en bonne santé.

Nanakusa-gayu

Haru no nanakusa (les sept herbes du printemps : gnaphale, lapsane et radis, en haut, de gauche à droite ; mouron, au milieu ; navet, persil japonais et bourse-à-pasteur, en bas, de gauche à droite)

Setsubun (février, passage de l’hiver au printemps)

   Le Setsubun est un événement durant lequel les gens se souhaitent une bonne santé, et chassent les démons appelés oni. Lors du mame-maki, une personne joue le rôle du oni en portant un masque, tandis que d'autres lui lancent des haricots de soja grillées appelées fuku-mame. La croyance dit qu’en jetant des haricots (mame) au visage de démons ou des créatures maléfiques, plus précisément dans leurs yeux (ma no me), cela permet de les chasser. Les gens crient alors : « Les oni, dehors ! Le bonheur, dedans ! » en lançant les haricots. Ensuite, chacun mange autant de fuku-mame que son âge.
    Dans certaines régions, la coutume veut que l’on mange des makizushi (rouleaux de sushis) composés de sept ingrédients en rapport avec les shichifukujin (les Sept Divinités du Bonheur). Les rouleaux de sushi symbolisent ainsi la bonne fortune. Ils sont appelés ehomaki, et on dit que si on formule un souhait et si on mange un rouleau entier sans prononcer un seul mot et tout en faisant face à la direction porte-bonheur de l’année en cours, alors notre souhait se réalisera. Ces rouleaux sont mangés entiers sans être coupés, afin de ne rompre ni le destin ni les liens des gens (en).

Mame-maki dans un jardin d’enfants
Photo fournie par la ville de Takizawa, dans la préfecture d'Iwate

On mange autant de fuku-mame que son âge

Ehomaki

Des gens mangeant des ehomaki

Momo no Sekku (mars, jour des filles)

   Le Momo no sekku a lieu lorsque les pêchers sont en fleurs. Lors de cet évènement, les gens prient pour que les petites filles grandissent en bonne santé. Ce jour-là, on mange des plats qui portent bonheur, comme, par exemple, du chirashi-zushi coloré et préparé en mélangeant du riz blanc avec du vinaigre et de multiples ingrédients, ou bien de la soupe aux palourdes symbolisant un mari et une femme proches l'un de l'autre. Les gens disposent des poupées hina pour souhaiter le bonheur et une croissance saine à leurs enfants. Ils déposent à côté de celles-ci des hina-arare (biscuits de riz colorés en forme de petites boules enrobées de sucre) ainsi que d'autres aliments.

Chirashi-zushi

Soupe aux palourdes

Hina-arare et petites poupées hina

Arrangement décoratif de poupées hina pour le Momo no sekku

Tango no Sekku (mai, jour des garçons)

   Le Tango no sekku est un événement durant lequel les gens prient pour que les petits garçons grandissent en bonne santé. À cette occasion, on mange traditionnellement des gâteaux de riz appelés kashiwa-mochi, enveloppés dans des feuilles de chêne et préparés notamment avec de la pâte de haricots sucrée (azuki). Ces gâteaux expriment le souhait d’avoir des enfants et une lignée familiale qui perdurera. Une autre tradition consiste également à mangent des chimaki, des gâteaux de riz à la vapeur enveloppés dans des feuilles de bambou, pour souhaiter que les enfants grandissent en étant obéissants et disciplinés. Les familles décorent leur intérieur avec des casques et des armures pour protéger leurs enfants du malheur et afin qu’ils deviennent plus forts.

Kashiwa-mochi

Chimaki

Décorations pour le Tango no sekku

Doyo no ushi (de juillet à août, jour du bœuf)

   Doyo no ushi no hi désigne une période d'environ 18 jours lors du changement saisonnier, basée sur le concept des cinq éléments de la philosophie chinoise. Cependant, au Japon, ce terme désigne généralement la journée d’été doyo no ushi no hi. Une tradition a pris racine, si bien que, ce jour-là, les gens mangent de l’anguille (un poisson à haute valeur nutritive) afin de mieux passer la saison chaude.
L'anguille contient beaucoup de vitamine A et autres éléments nutritifs qui aident efficacement à lutter contre la fatigue et qui favorisent l'appétit, ce qui en fait un excellent aliment pour prévenir les coups de chaleur. Le kabayaki (brochette d'anguille) est préparé en faisant griller des anguilles sur un feu de charbon de bois et en les nappant d’une sauce sucrée et épicée qui contient notamment de la sauce soja. La délicieuse saveur de ce plats met l’eau à la bouche. Les anguilles sont préparées de façon différente dans l'est et dans l'ouest du Japon. Dans l'est, on enlève la tête et l'anguille est cuite à la vapeur. Cette méthode de préparation permet d’éliminer la graisse et d’attendrir la peau et la chair. Dans l'ouest, on garde la tête et l'anguille est grillée. En la préparant ainsi, on obtient une chair tendre et une peau croustillante.

Les anguilles sont découpées, mises sur des brochettes puis grillées sur un feu de charbon de bois en les nappant régulièrement de sauce

L’unaju est un plat servi dans une boîte carrée avec du riz blanc et de l’anguille kabayaki. Les feuilles au centre sont des feuilles de poivre sanshō utilisées pour l'assaisonnement

Jugoya (de septembre à octobre, festival de la lune d'automne)

   Lors de cet événement, les gens prennent plaisir à observer la lune au moment de l’année où elle est considérée comme la plus belle et expriment leur gratitude pour les récoltes. Le Jugoya fait référence au 15e jour du huitième mois dans l'ancien calendrier lunaire. C’est pourquoi ce jour tombe à une date différente chaque année. La consommation de riz s’est implantée il y a fort longtemps au Japon. Les gens utilisent donc du riz récolté en automne, le font cuire à la vapeur, puis le transforme en pâte qu’ils façonnent en boulettes pour former des tsukimi-dango (boulettes pour contempler la lune). Ces boulettes sont disposées de manière à remercier la divinité de la lune pour les bonnes récoltes. Les dango bien ronds ressemble à la pleine lune et sont disposés par groupes de quinze, nombre que l’on retrouve dans le mot Jugoya. Ces boulettes sont traditionnellement dégustées en remerciant la divinité de la lune après avoir contempler la pleine lune.

Tsukimi-dango

Contemplation de la pleine lune

Réveillon du Nouvel An (décembre)

   Au Japon, il est de coutume de manger des toshikoshi-soba (nouilles de sarrasin) la veille du Nouvel An, soit le dernier jour de l'année. Les toshikoshi-soba sont de longues nouilles représentant le souhait de vivre longtemps. Elles sont faciles à découper et on pense que les couper permet d’éloigner le malheur pendant un an. C’est donc un mets qui apporte la bonne fortune.

Toshikoshi-soba
Soba chauds et tempura

Soba frais servis sur un plateau en bambou

   Les plats consommés lors des occasions spéciales au Japon sont préparés avec des ingrédients de saison et symbolisent différents souhaits. Chaque région offre différents ingrédients en fonction du climat et de la météo et chaque culture locale possède différentes caractéristiques. Ainsi, pour une même occasion spéciale, les plats peuvent varier en ce qui concerne les ingrédients utilisés, leur saveur et la façon dont ils sont préparés. Pourquoi ne tenteriez-vous pas, vous aussi, de préparer et de déguster ces plats afin de profiter des événements régionaux du Japon et des mets préparés pour ces occasions ? Vous pourrez ainsi apprécier la sagesse et le savoir traditionnel japonais hérités des temps anciens.