La première supérette du Japon a ouvert ses portes en 1974, dit-on. Depuis lors, elles se sont répandues dans tout le pays grâce au système des franchises, si bien que, de nos jours en 2013, on n'en compte pas loin de 45 000. Pour les Japonais, surtout en zone urbaine, la supérette fait partie intégrante du mode de vie moderne, un endroit ouvert à toute heure et quasiment partout. Certains s'y rendent non seulement chaque jour mais même plusieurs fois dans la journée. C'est bien la preuve que les supérettes japonaises offrent bien davantage que seulement de l'épicerie et les produits du quotidien.

L'on y trouve des repas à emporter bento, des boulettes de riz o-nigiri, des plats de nouilles glacées et autres nourritures typiquement japonaises ; leur système de distribution permet plusieurs livraisons quotidiennes. Chaque chaîne collecte des informations sur les préférences des consommateurs pour tel ou tel produit ou service, ce qui leur a permis de développer un système de marketing parfaitement adapté. De nos jours, l'ouverture 24h sur 24 est une évidence. Les boutiques offrent les produits et services dont les gens ont besoin, tels que photocopies, paiement automatisé des factures, terminaux bancaires pour dépôts, retraits ou transferts d'argent, ainsi qu'un terminal informatisé permettant de régler des achats en ligne, d'acheter des tickets et d'accéder à une multitude d'informations utiles. Plus les clients sont séduits par la commodité de ces boutiques et plus rudes sont les efforts que les chaînes doivent fournir afin de satisfaire la demande et rester en tête de la compétition. En conséquence, les supérettes japonaises ont évolué jusqu'à jouer un rôle vital au sein de leur communauté.

Suite aux désastres, un respect nouveau

Suite au Grand Séisme du Tohoku en 2011, les supérettes ont créé une impression extrêmement favorable et sont à présent considérées comme une part essentielle du tissu social. Le jour même du tremblement de terre, les chaînes ont aussitôt mis en place des centres d'aide d'urgence, arrangé des livraisons par hélicoptère à l'intention des boutiques démunies de stock, envoyé des employés pour prêter main forte aux réfugiés, placé des boîtes sur leurs comptoirs pour recueillir des donations, et plus encore, le tout avec une célérité remarquable. Les chaînes se trouvaient prêtes à l'action parce qu'au lendemain du Séisme du Hanshin en 1995, elles avaient en grand nombre signé des accords avec les communautés locales pour s'engager à prêter assistance aux personnes déplacées de chez elles (par exemple, en mettant à leur disposition toilettes et eau courante des boutiques, et en les tenant informées des routes à suivre, des annonces officielles, etc.). Les gérants des boutiques réfléchirent également aux moyens d'apporter de l'aide de différentes façons en cas de désastre. Toutes ces préparations jouèrent un grand rôle lorsque le malheur frappa en réalité.

Des membres dignes de confiance de la communauté

Le programme Station de Sécurité (SS), mis en place par l'Association Japonaise des Franchises de concert avec les populations locales et les gouvernements municipaux, a poussé les supérettes à collaborer au sein de leurs chaînes respectives et à servir de refuge sûr pour les membres de la communauté. La présence du poster Station de Sécurité sur la porte de l'établissement indique à chacun que la boutique a mis en place d'importantes mesures anticrime, reçoit la visite de patrouilles de police (dans certaines communautés) et peut servir de refuge fiable pour femmes, enfants ou personnes âgées en cas de crise.

Dans les régions dépeuplées où se trouvent peu de boutiques, ou dans les endroits où les personnes âgées et les autres ont des difficultés à aller faire leurs courses, certaines supérettes ont mis en place un système de livraison à l'aide d'une épicerie ambulante. Certains établissements emploient des ampoules électriques LED peu gourmandes en énergie pour économiser l'électricité et réduire leur empreinte environnementale, voire recyclent l'huile de friture et les ordures alimentaires.

Les supérettes japonaises accroissent leur présence outre-mer, particulièrement dans les pays asiatiques, si bien que certaines chaînes ont plus de franchises à l'étranger que sur le sol japonais. Les services variés qu'elles ont développés au Japon pourraient bien un jour être proposés dans d'autres pays.