À moins dêtre un amateur éclairé, toute pièce de musique japonaise traditionnelle doit ressembler assez fort à une autre. Ce qui sera surtout le cas lorsque les exécutants, vêtus de leurs costumes traditionnels, jouent des instruments tels que le shamisen et le shakuhachi. Or, à lheure actuelle, les experts classent la musique japonaise traditionnelle en cinquante, voire quatre-vingts genres.
Seuls quelques genres sont purement instrumentaux, car la grande majorité sont des chants avec accompagnement instrumental. Toute musique vocale ne possède quune seule ligne mélodique, même lorsquil y a plus dun chanteur. Et la plupart des chants sont accompagnés par seulement un type dinstrument.
La musique japonaise traditionnelle se classifie suivant larticulation du chanteur, le type dinstrument, et enfin, suivant le timbre (couleur tonale) à la fois de la voix et de linstrument. Par exemple, si les récitatifs de ballades gidayu-bushi dans le bunraku, les chants de tokiwazu-bushi, dans le Kabuki, et les chants lyriques naga-uta se chantent tous avec accompagnement du shamisen, nous les classons dans des genres différents lorsque diffèrent les timbres de voix ou dinstruments. En dautres termes, chaque genre possède son propre timbre vocal et instrumental. |
Partition de shamisen et chant pour la pièce intitulée Genkyoku Taishinshô, 1828. (Propriété des Archives musicales du Japon, Ueno Gakuen)
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Même ainsi, il existe très peu de différence de timbre entre un genre et le suivant. Et ceci est vrai tant pour la voix que pour les instruments. Dans nombre de cas, seul un expert en la matière pourra dire à quel genre ressortit le morceau entendu. Ce nonobstant, estimant que de telles différences, toutes subtiles puissent-elles être, ont leur importance, les musiciens veillent à ce quun timbre ne soit pas confondu ou naille pas se mêler à un autre. Cest ce souci qui explique une telle minutie de détail dans la classification des genres. Et cette préoccupation extrême pour les plus légères différences dans les timbres se matérialise plus concrètement, sinon plus fortement, dans la forme des instruments utilisés et le style de lexécution quils permettent.
Les instruments musicaux japonais traditionnels, tout comme les instruments dautres pays, peuvent être groupés en trois grandes catégories : percussions, vents et cordes.
Prenons par exemple ce petit instrument de percussion quest le tambour kotsuzumi. La plupart des tambours japonais se battent à laide de deux bâtons, alors que le kotsuzumi se joue avec les doigts. Afin de maintenir en permanence un timbre égal, lexécutant dans les moments dinactivité ausculte et règle discrètement le timbre en resserrant ou desserrant les cordelettes tendant les peaux sur le fût du petit tambour. Vous les verrez ainsi parfois souffler sur la peau pour lhumidifier légèrement si lair est trop sec, comme cest le cas en hiver par exemple, et obtenir une sonorité idéale.
Un instrument à vent, à présent : la flûte de bambou appelée shino-bue. Lorsquil accompagne un chanteur dans une pièce de Kabuki, le flûtiste choisira dans la gamme des douze shino-bue soffrant à lui celle qui présente le registre de tonalités souhaitées. Dans les festivals locaux, on recourra généralement à deux ou trois shino-bue pour la même raison. Ces exemples montrent combien les musiciens se donnent de peine afin de produire le timbre exact exigé par la musique interprétée.
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