NIPPONIA
NIPPONIA No.22 15 septembre 2002
TOP
Mais de tous les instruments musicaux japonais traditionnels, le plus célèbre est sans conteste le shamisen. Cet instrument à cordes convient à maints types de représentations traditionnelles parce qu’il est capable de reproduire une large gamme de timbres différents.
On considère que le shamisen est basé sur le sangen chinois qui prit pied au Japon via les Îles Ryûkyû (aujourd’hui Okinawa). Le corps du shamisen est une caisse en bois sans fond, avec une peau d’animal, chat ou chien, bien tendue sur les deux faces. Les trois cordes tendues du sommet du manche au bas de la caisse de résonance, comme sur la guitare, sont grattées à l’aide d’un large plectre à longue poignée. Dans les premiers temps de son introduction au Japon, le shamisen se jouait avec un petit onglet adapté sur l’index, mais les musiciens de biwa changèrent tout cela. Leur instrument — qui ressemble à un luth à manche court et sans caisse de résonance — , arrivé au Japon avant le shamisen, se joue avec un plectre. Les musiciens de biwa eurent tout naturellement l’idée d’utiliser leur plectre sur le shamisen, ayant tout de suite remarqué combien cette modification élargissait l’étendue des timbres disponibles.
Lorsque le plectre heurte les cordes du shamisen par un mouvement descendant, il ne frappe pas que les cordes mais aussi la peau de la caisse de résonance, ce qui ajoute une sonorité supplémentaire de percussion. Par contre, lorsque le plectre racle les cordes par un mouvement de bas en haut, la peau n’est pas touchée et le son est plus délicat, plus frêle. Autre technique encore : gratter les cordes avec les doigts de la main gauche, ce qui produit un timbre encore plus gracieux. Cette capacité qu’a le shamisen de créer une grande variété de timbres est sans doute la caractéristique la plus remarquable de ce prodigieux instrument.
Le timbre du shamisen peut également varier si l’on change les cordes, le manche (qui s’emboîte simplement dans un orifice pratiqué dans la caisse) et bien sûr, le plectre — format, épaisseur, poids, matériau, etc. Il existe donc une bonne vingtaine de types différents de shamisen, chacun se caractérisant par une hauteur de ton et un timbre différent. Reste à l’exécutant à sélectionner le type qui conviendra le mieux au genre musical qu’il se propose d’exécuter. Les shamisen ont tous la même longueur, mais ce qui changera, dans des mesures variables, ce seront les cordes, le manche et le plectre, créant ainsi d’un instrument à l’autre des différences de registres de l’ordre de l’octave. Avec les instruments occidentaux, lorsqu’on veut changer de timbre et de hauteur de ton l’on passe à un instrument de format différent, comme on passe du violon à l’alto, par exemple.
Parfois le shamisen accompagne le narrateur qui expose un récit d’une voix tonitruante. Dans cas, le musicien recourra à des cordes et un plectre plus épais. Par contre, lorsqu’une geisha entonne une mélopée sur la tristesse du monde flottant des herbes et des roseaux, l’accompagnatrice voudra des cordes aux couleurs plus délicates. L’accompagnement du Kabuki, de même que les courtes ballades de ko-uta, exigent également des timbres différents ; par conséquent, là aussi le shamisen sera modifié à l’avenant. Bien d’autres instruments traditionnels subissent ainsi de légères modifications jusqu’à obtention du timbre recherché, outre que les exécutants procèdent à des ajustements en cours d’exécution, dans une quête infinie de la couleur la plus juste.
Nous voyons donc que la musique japonaise traditionnelle est extrêmement variée. Cette variété vient principalement des différentes techniques utilisées pour créer la palette de timbres la plus large possible : la couleur du son japonais est à ce prix.
japanese

Image
Shakuhachi
Grosse flûte droite de bambou, bec biseauté, sans anche. Accompagne idéalement les chants folkloriques et autres musiques traditionnelles ; connaît un énorme succès pour l’exécution des musiques contemporaines. Longueur : environ 55 cm. (1)
japanese

Image
Taiko
La peau de bête est ici clouée sur la caisse du tambour. Dans tout le Japon, les tambours interviennent invariablement dans les spectacles folkloriques. Ici, les formats varient considérablement ; certains sont tenus à la main, d’autres posés sur un petit tréteau, d’autres encore, gigantesques, sont plus grands que le batteur lui-même et exigent pour leur maîtrise de solides qualités athlétiques. (2)
japanese
Sanshin et plectre doigtier
Instrument à cordes intervenant dans pratiquement toutes les exécutions de musique traditionnelle okinawane. Passe pour être le prototype du shamisen. Une peau de serpent est tendue sur la caisse, et les cordes sont grattées à l’aide d’un plectre passé à l’index. Longueur : environ 80 cm.
japanese
Image

Image
Chijin
Tambour intervenant dans les représentations populaires données sur les nombreuses îles de Okinawa. Le son se modifie par réglage de la tension du cordon passé au pourtour de la peau. Diamètre : environ 23 cm. (1)
japanese

BACKNEXT

NIPPONIA
TOP
   Reportage spécial*    Interview de couverture    Qu’est-ce que c’est?
   Tendances du jour    Vivre au Japon    La palette sonore de la musique japonaise traditionnelle
   Bon Appétit!    Voyage au Japon