Si les choses vont aussi vite, cest que les intermédiaires savent ce quils veulent et ont minutieusement inspecté au préalable les lots de prises alignés sur le carreau. Commençant bien avant le lever du jour, ils déambulent entre les baquets de poissons débarqués, lampe de poche à la main, quils dardent sur les bêtes pour sassurer que les pièces sont saines : il encore frais, écailles luisantes, corps intact. Tout acheteur chevronné sait inférer de cet examen les conditions dentreposage de la marée, sa provenance, et comment la prise a été effectuée. On peut encore rencontrer ici des commissionnaires qui exercent leurs talents depuis louverture des Halles
en 1935. Cest dire combien en ce domaine lexpérience est irremplaçable. Elle sacquiert par transmission, les nouveaux venus apprenant au contact des anciens, jusquà ce quils se trouvent capables eux aussi de reconnaître la belle pièce au premier coup doeil. Sachant reconnaître la valeur, ils ne voient pas pourquoi ils ergoteraient sur le prix. Les prix de gros déterminés par les offres les mieux-disantes aux Halles de Tsukiji sappellent le tate-ne, la cote, qui deviendra létalon sur les autres criées au gros du Japon.
Osaki Hideo est responsable de gestion générale de la section administrative des halles, ce qui lui donne un point de vue intéressant sur ce qui se passe ici : Confrontés à une situation économique difficile, nombreux sont les intermédiaires ici qui doivent mettre les bouchées doubles, travailler toujours plus dur. Mais, sils sont ici, eux et dautres aussi dailleurs, cest parce quils aiment le poisson.
Les enchères une fois closes, les intermédiaires emportent leurs achats vers leurs boutiques dans les halles, où ils sattaquent au dépeçage des grosses pièces. Vers 8h du matin, tout le poisson est à létal, découpé de frais et prêt à la vente aux détaillants.
Chaque jour, pas moins de quarante mille détaillants affluent de toute la région de Tokyo pour réapprovisionner leurs grandes surfaces, poissonneries et restaurants. Encore une fois ils procèdent à un examen minutieux du poisson avant demporter ce quils veulent pour leurs clients.
Dans la caverne dAli-Baba de Tokyo pour les nourritures marines, les ventes et les achats démarrent lorsque la ville dort encore. Les produits ultra-frais pour les amoureux de nourritures de la mer sont en fait arrachés de haute lutte à cet infernal tohu-bohu. ![](../../../common/images/mark_ni.gif)
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Un grossiste commissionnaire examine la qualité du thon. Il accomplit toujours sa tournée avec son crochet et sa lampe de poche à la main.
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