Kobe est lun des deux grands centres déchanges internationaux du Japon, lautre étant Yokohama, loin à lest. Les Monts Rokko abritent Kobe des vents du nord, et la Baie dOsaka sétend au Sud, ne laissant quune étroite bande de terre pour la croissance de la ville.
Pour beaucoup de Japonais, lénoncé de ce mot Kobe évoque limage dune cité portuaire plutôt exotique. Le commerce avec la Chine amena ici la prospérité il y a plus de dix siècles déjà, lorsque la place sappelait Hyogo. Mais le port fut fermé au commerce international au milieu du XVIIe siècle, annonçant une politique de fermeture dont le Japon nallait pas déroger durant deux siècles. La métamorphose de Kobe en port international moderne commença avec la levée du ban sur le commerce extérieur dans les années 1860. Différentes influences culturelles entrèrent en jeu, qui donnèrent à Kobe une atmosphère exotique, cest-à-dire occidentale.
Cette culture de lOccident du XIXe siècle est toujours évidente dans larrondissement de Kitano où lon peut voir une cinquantaine de ijin-kan (résidences détrangers). Toutes datent de la période sétendant de louverture du port aux premières années du XXe siècle et une vingtaine est désormais ouverte au public.
Les non-Japonais furent dabord priés de résider dans le quartier étranger aménagé pour eux près du port, puis comme les projets de construction dhabitations traînaient, ils reçurent bientôt la permission dhabiter à Kitano. Une des plus intéressantes de ces résidences, la Kazamidori-no-yakata, fut dessinée par un architecte allemand. Elle tire son nom de la girouette de son campanile, classique pour un Occidental, stupéfiante pour un Japonais de lépoque. Majestueuse certes, est la prestance de cette résidence, classée Bien Culturel Important par le gouvernement.
Il suffit de se laisser descendre le long des rues de Kitano vers le port pour ressentir la présence des marchands de toutes ces nations étrangères qui hantèrent ces lieux au fil des décennies révolues. Vous verrez aussi, outre les résidences des étrangers, quelques intéressants édifices religieux : églises chrétiennes, bien sûr, mais également une synagogue et un temple jaïniste, ce qui est déjà plus rare au Japon. La Mosquée de Kobe, bâtisse impressionnante, comme il se doit, émerge des édifices environnants. Si vous prenez une rue un peu plus à louest, vous tomberez sur le Temple Kanteibyo, richement bariolé de couleurs vives, où est vénéré le général chinois Guan Yu (général de la fin de la dynastie Han, exécuté en 219, consacré dieu de la guerre et symbole de la loyauté, un peu comme Roland ; principal personnage de lHistoire des Trois Royaumes, le plus grand roman épique chinois). Aujourdhui Kobe se targue dabriter plus de cent nationalités différentes.
Mais empruntons la Meriken Road (tout simplement : Rue des Américains) depuis la Gare de Motomachi (JR), qui nous mène tout droit au Quartier Chinois sétendant sur notre droite. Ce quartier appelé Nanking-machi, ne compte pas moins de cent restaurants chinois et une infinie variété de magasins et boutiques alignées côte à côte, annonçant comme il se doit leur présence avec force enseignes tapageuses et bigarrées. Tout concourt à se laisser tenter, les aboyeurs autant sans doute que les effluves appétissants : on entre pour goûter. Dailleurs lon peut remarquer que tout le monde mange, soit assis dans les restaurants, soit mâchouillant béatement des nourritures bizarres tout en déambulant par les rues. Le quartier originellement délimité pour les résidences des étrangers est situé sur le flanc est de Nanking-machi, de lautre côté de la Meriken Road. Leurs maisons de commerce avaient ici pignon sur rue il y a longtemps déjà.
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