Web Japan > Les tendances au Japon > Nourriture & Voyage > La cuisine osechi exprime les souhaits des gens pour le Nouvel An
Le 1er janvier marque le début de l’année dans de nombreuses cultures. Au Japon, les gens organisent ce jour-là de nombreuses cérémonies afin de souhaiter une nouvelle année pleine de bonheur. Ces souhaits sont aussi exprimés sous forme de nourriture.
Au début de l’année, dans la plupart des foyers, les Japonais dégustent un repas appelé osechi ryori (cuisine osechi), ou tout simplement osechi. L’osechi est une sélection de mets multicolores joliment disposés à l’intérieur de boîtes appelées jubako. Les boîtes jubako de forme carrée peuvent être empilées pour former une tour à deux, trois, quatre ou même cinq étages. On dit que cette tour représente différentes couches de bonheur pour le futur.
À gauche, une boîte jubako vide avant d’être remplie de cuisine osechi. À droite, des boîtes jubako avec de la cuisine osechi disposée à l’intérieur.
Les jubako remplis d’osechi offrent plusieurs variétés de mets afin de marquer cette joyeuse occasion qu’est le Nouvel An. On dit que chaque mets possède sa propre signification.
Pour la nouvelle année, les gens décorent leurs tables en préparant un repas de fête avec des ingrédients de bon augure.
Si vous connaissez l'importance de chaque mets, leur dégustation n’en sera que meilleure.
Les trois éléments de base sont : le kuromame, le kazunoko, et le gomame ou tataki-gobo
Chaque foyer prépare l’osechi de façons différentes selon ses préférences, mais cette rubrique présente les exemples les plus communs.
Le soja noir (kuromame), les œufs de hareng (kazunoko), et les anchois séchés (gomame) ou la bardane pilée (tataki-gobo) sont les trois ingrédients de base essentiels de l’osechi.
Les anchois séchés sont utilisés dans la région du Kanto (qui comprend Tokyo), et la bardane pilée est utilisée dans la région du Kansai (qui comprend Osaka et Kyoto).
Le kuromame est du soja noir cuit avec des arômes sucrés. Le mot japonais mame signifie « haricot », mais si on le prononce un peu différemment, mame peut aussi signifier « travailler dur » ou « être en forme ». Pour cette raison, ce mets est représentatif d’une longue vie et d’une bonne santé. En outre, le noir est la couleur utilisée au Japon pour éviter les choses de mauvais augure.
Le kazunoko est préparé en salant des œufs de hareng, en retirant ensuite le sel, puis en ajoutant de la sauce de soja et d’autres assaisonnements.
Chaque portion est composée de nombreux œufs, ce qui représente l'espoir que les gens auront beaucoup d'enfants et que leurs descendants prospèrent.
Le gomame se compose de jeunes anchois japonais séchés puis bouillis avec du sucre, de la sauce de soja, du saké doux et d'autres assaisonnements pour les rendre doux, mais épicés. Autrefois, au Japon, les pêcheurs attrapaient un grand nombre d'anchois japonais et ils utilisaient l'excédant de poisson afin de fertiliser le sol pour la culture du riz. Cela permettait une bonne récolte de riz, et les anchois étaient donc considérés comme un engrais de grande qualité. Pour cette raison, on les retrouve dans l’osechi afin d’exprimer le souhait d’avoir ce qu’on appelle le gokoku hojo (de bonnes récoltes pour toutes les graines). Le mot gomame se compose aussi du mot mame, tout comme le mot kuromame. Ce mets représente donc aussi l’espoir d’une longue vie et d’une bonne santé.
Le tataki-gobo est utilisé pour l’osechi dans la région du Kansai. Il est préparé en faisant bouillir de la bardane (un légume-racine), puis en martelant celle-ci avec un couteau ou un instrument similaire pour assouplir ses fibres. La bardane a de robustes racines qui s’enfoncent profondément dans la terre. C’est pourquoi ce mets est représentatif d’une longue vie et d’une entreprise familiale solide.
Le gomame représente les souhaits des gens pour ce qu’on appelle le gokoku hojo (de bonnes récoltes pour toutes les graines)
Une grande variété de mets disposés autour des trois éléments de base
On trouve de nombreux autres mets disposés comme des décorations à côté des trois éléments de base. Cette rubrique présente quelques exemples.
Le mets jaune en forme de spirale sur l'image ci-dessous est un plat à base d'œuf sucré appelé datemaki. Ce mets est fabriqué en mélangeant des œufs de poule avec une pâte à base de poisson ou de crevettes, puis en cuisant ce mélange pour le ramollir avant de l’enrouler. Sa forme ressemble à celle d’un makimono japonais (documents traditionnels comportant des écritures ou des images sur une longue feuille de papier enroulée dans un rouleau) et représente ainsi le souhait de progresser dans les études et d’enrichir ses connaissances.
Le mets rose et blanc en forme de demi-cercle sur l'image ci-dessous s'appelle kamaboko. Il s’agit d’une préparation à base de pâte faite de morue, de requin et d'autres poissons à viande blanche, en y ajoutant du sel, du sucre, des blancs d'œufs et autres assaisonnements, puis en chauffant le mélange à la vapeur ou avec une autre méthode de cuisson. On dit que sa forme ressemble au premier lever de soleil de la nouvelle année. La couleur rouge (ou rose) protège contre le mal et la couleur blanche représente la pureté. Au Japon, la combinaison du rouge et du blanc est vue comme un signe de chance.
Le kuri kinton représente le souhait des gens de faire de bonnes affaires et d’avoir de la chance en argent.
Kuri kinton est le nom d'un plat sucré préparé en faisant bouillir de l'eau et du sucre, puis en y ajoutant des châtaignes et en cuisant à nouveau le mélange. Kuri dans kuri kinton est le mot japonais signifiant « châtaigne », et le kin de kinton signifie « or ». Cet mets ressemble à des pièces d’or ou à des morceaux d’or, si bien que l’on dit qu’il apporte la bonne fortune, notamment grâce à la prospérité dans les affaires ou la chance en matière d’argent
Préparé en mélangeant finement du radis daikon, de la carotte et du vinaigre, le kohaku-namasu ressemble aux cordons décoratifs appelés mizuhiki, utilisés au Japon pour les cadeaux offerts lors des célébrations, et c’est pour cela que ce mets est utilisé dans les repas de fête du Nouvel An. Il représente le souhait de pouvoir jouir de la tranquillité et de la paix. Ce mets a un goût aigre, mais rafraîchissant, et l’accent est mis sur sa couleur.
Le kobumaki est préparé en faisant un rouleau de kobu (algues) enroulé autour de hareng ou d’autres poissons. Ce rouleau est ligoté avec du kanpyo, des bandes de gourde séchées. Le mot kobu sonne comme la dernière partie du mot yorokobu, le mot japonais qui signifie « se sentir heureux ». Ce mets représente donc la joie. Tout comme le datemaki, ce rouleau ressemble, lui aussi, à un makimono, et exprime ainsi le souhait de progresser dans les études et d’enrichir ses connaissances.
Les crevettes incurvés ressemblent à des personnes âgées avec une posture courbée et représentent donc une vie qui s'étend sur plusieurs années. Les crevettes grillées expriment ainsi le désir de vivre longtemps.
L’osechi se trouve facilement dans les commerces
Chaque mets de l’osechi est préparé avec soin et diligence et tous ces mets réunis représentent un large éventail de souhaits pour la nouvelle année. Les plats sont longuement cuisinés ou préparés avec des saveurs fortes, de sorte qu'ils puissent se conserver longtemps. De ce fait, l’osechi est un repas qui permet aux Japonais de se reposer pendant les vacances du Nouvel An sans avoir à cuisiner.
Cependant, à la fin de l’année, il est souvent très difficile pour les gens de préparer plusieurs jours de nourriture pour la nouvelle année.
C'est pourquoi, au Japon, de nombreux mets qui composent l’osechi sont vendus déjà tout préparés. Cela facilite grandement les choses, car il suffit d’acheter les différents mets et de les disposer dans une boîte jubako.
Les grands magasins et les sites de vente en ligne vendent également de l’osechi déjà disposé dans des jubako, ce qui permet de déguster facilement ce repas japonais traditionnel.
De luxueux assortiments d’osechi sont vendus dans les grands magasins ainsi que dans certains commerces