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Kebari - un artisanat japonais traditionnel resplendissant parmi les articles de pêche

Échantillon de kebari (AFLO)

    Il existe un article de pêche connu sous le nom de «kebari» (mouche de pêche) utilisé comme appât artificiel pour la pêche, mais il est également considéré au Japon comme un artisanat agréable à la vue. Le poisson de rivière ayu (poisson sucré) est le type de poisson que l’on capture avec le kebari. Au printemps, de fin mars à début avril, les ayus retournent dans la «rivière de leur naissance» depuis les bas-fonds de l’océan où ils ont grandi, nageant vigoureusement en amont à contre-courant. Les ayus sont des poissons délicats vivant dans des cours d’eau claire et qui sont non seulement populaires auprès des amateurs de pêche en rivière, mais également réputés pour leur bon goût. Le kebari, élaboré selon des méthodes artisanales traditionnelles, joue un rôle important dans la pêche de l’ayu.

Le kebari en tant qu’artisanat traditionnel

    En nageant en amont, les jeunes ayus se nourrissent d’insectes aquatiques et de la mousse provenant des rochers, leur permettant en été de devenir de magnifiques poissons adultes. Du début de l'été jusqu'à la fin de l'automne, les pêcheurs utilisent leurs lignes pour capturer l'ayu.

Un pêcheur pêchant l'ayu dans une rivière

Les ayus agissent comme un baromètre de la qualité de l’eau, car ils ne vivent que dans des cours d’eau clairs (AFLO)

    Beaucoup de gens utilisent la «pêche au leurre en direct» pour capturer l'ayu. Ceci consiste à se servir des tendances naturelles de l'ayu, consistant à attaquer d'autres corps envahissant leur territoire, en utilisant un leurre avec un hameçon pour nager parmi les ayus que le pêcheur veut attraper. Lorsque ces ayus attaquent le leurre, ils se font prendre à l'hameçon. D'autre part, il existe également une méthode de pêche qui consiste à utiliser un appât artificiel en forme d'insecte. Cet appât artificiel est le kebari.
    La fabrication du kebari met l'accent sur l'habitude des poissons de ruisseau de montagne omnivores comme l'ayu de manger des insectes. Il est dit que la fabrication de kebari, transmise jusqu’à ce jour, a débuté durant la période Edo (1603-1868) dans des zones telles que Kyoto, où des aiguilles à coudre étaient produites.
    De nos jours, ils sont fabriqués dans la préfecture de Hyogo, la préfecture d'Ishikawa et la préfecture de Toyama. Parmi elles, la préfecture de Hyogo est la principale zone de production, représentant environ 90% des kebari au Japon. Le «Banshu kebari» fabriqué dans la région de Banshu a été désigné comme «artisanat traditionnel», reconnu par le gouvernement japonais comme un artisanat de valeur méritant d’être transmis aux générations futures.

Banshu kebari (fournie par la ville de Nishiwaki, préfecture de Hyogo)

    Le gouvernement japonais a certifié «d’artisans traditionnels» les artisans qualifiés qui produisent ces Banshu kebari, en utilisant des techniques et des matériaux à l'ancienne (il y en avait cinq au 1er janvier 2019,).

Yoshikazu Yokoyama, un artisan traditionnel, vérifie la finition d'un kebari

Fabriquer un kebari nécessite un travail minutieux du bout des doigts (atelier de Yoshikazu Yokoyama, ville de Nishikawa, préfecture de Hyogo)

Un trésor d'artisanat

    Les kebari sont très appréciés en tant qu'œuvres d'artisanat traditionnel, car non ils sont non seulement des outils pratiques utilisés pour attraper du poisson, mais ils offrent aussi, en tant qu'artisanat, une beauté pratique digne d'une appréciation artistique. Les kebari utilisent de nombreuses techniques artisanales, telles que l'urushi (laque japonaise : sève des arbres) et le kinpaku (dorure).
    Par exemple, l'ayu kebari utilisé pour capturer l'ayu a un nom différent pour chaque petite partie (mesuré en millimètres seulement), comme la partie attachée à la base du crochet en métal qui ressemble à la tête d'un insecte et la partie droite du crochet qui est enveloppée dans des plumes d'oiseau pour ressembler au corps d'un insecte. Il est fait de divers matériaux tels qu’un crochet en métal, des plumes d'oiseaux colorées, l'urushi, le kinpaku, etc.

Nom des différentes parties d’un kebari

    Les plumes sont fixées au crochet avec un fil de soie extrêmement fin, sans aucun adhésif ou produit similaire. L'urushi, utilisé depuis l'Antiquité au Japon comme enduit naturel pour la laque, et le kinpaku, or laminé si fin qu'il s'envole si vous soufflez dessus, sont également utilisés pour la fabrication du kebari. L'urushi est l'un des matériaux utilisés pour fabriquer la boule de kintama ronde à la base du crochet et la boule de sakitama vers l'avant. Le kinpaku est ensuite attaché à la boule de kintama qui imite la tête de l'insecte. La boule de kintama mesure environ 1 à 2 mm, soit la taille d'une graine de sésame et la boule de sakitama est encore plus petite. La taille totale est d'environ 1 cm.
    Fabriquer un kebari nécessite plusieurs années de pratique et les compétences d'un artisan expérimenté sont essentielles. La raison pour laquelle chaque partie du kebari a un nom différent est parce que chaque étape nécessite les compétences sophistiquées des artisans.
    Si vous regardez de plus près, vous pouvez voir les différentes façons d'enrouler les plumes- que les plumes soient enroulées autour du crochet sans laisser de trous, ou que les trous soient laissés ouverts, etc. Les artisans peuvent également créer un nombre illimité de kebari différents selon leurs choix ; tels que le choix de la couleur de la plume, la combinaison de couleurs et l'arrangement, etc.

Plumes d'oiseaux colorées utilisées dans un kebari

Des outils de saison que Yoshikazu Yokoyama utilise pour fabriquer un kebari. Beaucoup d'entre eux sont fabriqués à la main

Les kebari possèdent plusieurs types

    Il existe actuellement plus de 500 types de kebari. Chaque type a un nom tel que «Ao Lion», «Shimizu», «Aka Kuma» etc. Shimizu signifie «eau propre et pure», Aka Kuma signifie «ours rouge».

Aka Kuma

    L'efficacité d'un kebari change en fonction des conditions, telles que le temps qu'il fait (ensoleillé, nuageux ou pluvieux) ; l'heure du jour (le matin, l’après-midi ou le soir) ; et la qualité et la clarté de l'eau de la rivière. Le fait qu'un kebari ait attrapé un gros poisson ne signifie pas nécessairement qu'il le fera à nouveau.
    Le vrai plaisir de la pêche à la mouche est le plaisir de choisir un «kebari qui attrape beaucoup» en fonction de l'environnement. Les passionnés ont toujours une grande variété de kebari préparés dans une boîte en bois. La vaste gamme de variétés provient également d’artisans qui répondent aux attentes des passionnés qui recherchent de nombreux kebari différents.

Une collection d’ayu kebari fabriqués par l’artisan traditionnel Yoshikazu Yokoyama à des fins décoratives.

Différences avec l'appât artificiel «mouche de pêche» utilisé dans l’Occident

    En Occident, il existe également un appât artificiel semblable au kebari appelé «mouche». Alors que les mouches et les kebari partagent le même plaisir du savoir partagé par un prédécesseur, ils sont fabriqués à partir de différents matériaux et utilisés dans différentes méthodes de pêche. Contrairement au kebari, certains types de mouches flottent à la surface de l'eau, et certaines utilisent des fibres synthétiques légères. Même celles utilisant de vraies plumes d'oiseaux utiliseront une technique d’enroulage différente.
    Une autre grande différence est que les kebari n’ont pas de kaeshi («ardillon») qui est une forme d’épine dépassant de la pointe de l’hameçon pour empêcher un poisson de s’échapper une fois mordu.

«Mouches» - appâts artificiels couramment utilisés dans l’Occident

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