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NIPPONIA No.32 15 mars, 2005
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Le figaro tokoyama est d’une grande dextérité pour botteler la chevelure de chaque rikishi dans le style appelé chonmage. Il utilise des outils très originaux, ciseaux, peigne et huile (ci-dessous), et fixe la masse de cheveux en deux points à l’aide d’une cordelette de papier washi tressé appelée motoyui (en centre).
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La vie dans une écurie est celle d’une grande famille. Le maître de l’écurie est le “Papa”, le oyakata, de ces turbulents bambins. Durant les séances d’entraînement, assis face à l’arène il suit les évolutions de ses élèves et délivre de strictes instructions. Son épouse, c’est la “Maman,” appelée la okami-san, la patronne. Grand pilier de soutien moral pour les jeunes lutteurs, elle sera toujours de bon conseil dans les problèmes de la vie quotidienne de ces jeunes gens. Le principe absolu d’ancienneté dans la maison règle les rapports des lutteurs entre eux. Les anciens, les ani-deshi, montrent à leurs subordonnés, les ototo-deshi les ficelles du métier et attendent en retour les marques d’un respect certain. Ainsi tous les rikishi de cette “famille” apprennent et observent une forme d’exquise courtoisie longuement établie.
Certes, le monde du sumo est celui de la compétition. Les rikishi grimpent, difficilement, ou dégringolent, plus facilement, dans l’arbre compliqué de la hiérarchie en fonction directe de leur performance dans les tournois. Cette dernière s’établissant comme suit, à partir du bas : jonokuchi, jonidan, sandanme, makushita et le groupe des maku-uchi où cela commence à devenir très sérieux. Le groupe des maku-uchi comprend les rangs suivants, toujours en progression ascendante : juryo, maegashira, komusubi, sekiwake, ozeki et yokozuna. Jusqu’au rang de makushita, les lutteurs tombent sous l’appellation générale de wakamono (“les petits jeunes”), tandis qu’à partir du groupe des maku-uchi l’on a droit à l’appellation de sekitori, et qui n’est pas seulement honorifique car l’on perçoit également un émolument mensuel, alors que le wakamono touche seulement son argent de poche. Les “petits jeunes” sont également les valets des anciens ; attentifs à leurs mille besoins, ils lessivent leur linge, les servent à table, et, fonction importante, serrent les grosses ventrières de soie que les aînés ceignent en tournoi.
Tout lutteur de rang inférieur au yokozuna risque toujours de rétrograder dans la hiérarchie. Si bien qu’un “grand-frère” peut fort bien se retrouver au service d’un “jeune frère”— situation embarrassante, ô combien, qui le fera mettre des bouchées doubles à l’entraînement pour remonter dans la hiérarchie.
À l’écurie Sadogatake, on est debout à six heures du matin. Les lutteurs se déshabillent, pour ne garder, même en plein hiver, que leur grosse ventrière mawashi. Et tout le monde se transporte dans la salle d’entraînement. Comme toujours dans une société fortement hiérarchisée, ce sont les rangs les plus bas qui ouvrent une journée de pratique dans l’arène de terre séchée, ou dohyo. Les corps entrent en collisions folles, les masses de chair déchaînées claquent sous la gifle, faisant jaillir bientôt des litres de sueur. Deux types de matchs d’entraînement sont de rigueur : le moshiai-geiko (le vainqueur d’un affrontement combat le challenger suivant et essayera de tenir le plus longtemps sans se faire battre), et le butsukari-geiko (un lutteur se campe solidement sur les jambes et l’autre va le percuter de toutes ses forces pour le bouter hors de l’arène). Ces matchs s’alternent sans répit.
Après quatre bonnes heures environ, l’entraînement prend fin et les lutteurs balayent sagement le dohyo (l’arène). Ils en lissent la surface sablée, et y plantent en plein milieu le gohei (baguette d’où pendent des rubans tressés de papier blanc) afin de purifier cet espace sacré entre tous qu’est l’arène. Ensuite tout le monde court au bain. Puis un à un, ils passeront par les mains du tokoyama qui arrangera leur coiffure. Les cheveux, très longs, sérieusement dérangés lors des affrontements titanesques de l’entraînement, sont démêlés au peigne, plaqués en position avec une huile de camélia, et bottelés en catogan sur l’occiput avec une cordelette appelée motoyui pour parachever le style de coiffure dit chonmage.
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Laver le mawashi, la ventrière, portant malheur dans le monde du sumo, on la sèche au soleil mais on ne la lave jamais.
À gauche : Des lutteurs de rang inférieur replient une ventrière.
Ci-dessous à gauche : Les ventrières des sekitori (rikishi de rang supérieur) sont blanches, le noir étant réservé aux wakamono (“petits jeunes”).
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L’entraînement terminé, le dohyo, l’arène, est méticuleusement balayé (à gauche). Le dieu des batailles est honoré sur le devant de l’arène. Le balayage terminé, un petit monticule de sable est érigé au centre avec le gohei, symbole de purification de l’arène.
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