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Le figaro tokoyama est dune grande dextérité pour botteler la chevelure de chaque rikishi dans le style appelé chonmage.
Il utilise des outils très originaux, ciseaux, peigne et huile (ci-dessous), et fixe la masse de cheveux en deux points à laide dune cordelette de papier washi tressé appelée motoyui (en centre).
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La vie dans une écurie est celle dune grande famille. Le maître de lécurie est le Papa, le oyakata, de ces turbulents bambins. Durant les séances dentraînement, assis face à larène il suit les évolutions de ses élèves et délivre de strictes instructions. Son épouse, cest la Maman, appelée la okami-san, la patronne. Grand pilier de soutien moral pour les jeunes lutteurs, elle sera toujours de bon conseil dans les problèmes de la vie quotidienne de ces jeunes gens. Le principe absolu dancienneté dans la maison règle les rapports des lutteurs entre eux. Les anciens, les ani-deshi, montrent à leurs subordonnés, les ototo-deshi les ficelles du métier et attendent en retour les marques dun respect certain. Ainsi tous les rikishi de cette famille apprennent et observent une forme dexquise courtoisie longuement établie.
Certes, le monde du sumo est celui de la compétition. Les rikishi grimpent, difficilement, ou dégringolent, plus facilement, dans larbre compliqué de la hiérarchie en fonction directe de leur performance dans les tournois. Cette dernière sétablissant comme suit, à partir du bas : jonokuchi, jonidan, sandanme, makushita et le groupe des maku-uchi où cela commence à devenir très sérieux. Le groupe des maku-uchi comprend les rangs suivants, toujours en progression ascendante : juryo, maegashira, komusubi, sekiwake, ozeki et yokozuna. Jusquau rang de makushita, les lutteurs tombent sous lappellation générale de wakamono (les petits jeunes), tandis quà partir du groupe des maku-uchi lon a droit à lappellation de sekitori, et qui nest pas seulement honorifique car lon perçoit également un émolument mensuel, alors que le wakamono touche seulement son argent de poche. Les petits jeunes sont également les valets des anciens ; attentifs à leurs mille besoins, ils lessivent leur linge, les servent à table, et, fonction importante, serrent les grosses ventrières de soie que les aînés ceignent en tournoi.
Tout lutteur de rang inférieur au yokozuna risque toujours de rétrograder dans la hiérarchie. Si bien quun grand-frère peut fort bien se retrouver au service dun jeune frère situation embarrassante, ô combien, qui le fera mettre des bouchées doubles à lentraînement pour remonter dans la hiérarchie.
À lécurie Sadogatake, on est debout à six heures du matin. Les lutteurs se déshabillent, pour ne garder, même en plein hiver, que leur grosse ventrière mawashi. Et tout le monde se transporte dans la salle dentraînement. Comme toujours dans une société fortement hiérarchisée, ce sont les rangs les plus bas qui ouvrent une journée de pratique dans larène de terre séchée, ou dohyo. Les corps entrent en collisions folles, les masses de chair déchaînées claquent sous la gifle, faisant jaillir bientôt des litres de sueur. Deux types de matchs dentraînement sont de rigueur : le moshiai-geiko (le vainqueur dun affrontement combat le challenger suivant et essayera de tenir le plus longtemps sans se faire battre), et le butsukari-geiko (un lutteur se campe solidement sur les jambes et lautre va le percuter de toutes ses forces pour le bouter hors de larène). Ces matchs salternent sans répit.
Après quatre bonnes heures environ, lentraînement prend fin et les lutteurs balayent sagement le dohyo (larène). Ils en lissent la surface sablée, et y plantent en plein milieu le gohei (baguette doù pendent des rubans tressés de papier blanc) afin de purifier cet espace sacré entre tous quest larène. Ensuite tout le monde court au bain. Puis un à un, ils passeront par les mains du tokoyama qui arrangera leur coiffure. Les cheveux, très longs, sérieusement dérangés lors des affrontements titanesques de lentraînement, sont démêlés au peigne, plaqués en position avec une huile de camélia, et bottelés en catogan sur locciput avec une cordelette appelée motoyui pour parachever le style de coiffure dit chonmage.
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