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NIPPONIA No.32 15 mars, 2005
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Le Japon aujourd’hui
Alerte aux ours !
Texte : Sakagami Yasuko, Crédit photographique : Mainichi Shimbun

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Cet ours noir d’Asie (tsukinowa-guma) a débarqué sans crier gare chez un habitant de la Préfecture de Hyogo, pour y demeurer durant quatre bonnes heures.
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Les ours font depuis quelques années des apparitions qui ne sont guère appréciées dans les zones peuplées du Japon. Ce fut particulièrement le cas en 2004, où beaucoup rôdaient autour des maisons et des écoles, certains attaquant même des passants. Entre janvier et octobre 2004, 103 personnes furent assaillies par des ours en 88 incidents, les plus sérieux s’étant déroulés dans la région du Hokuriku baignée par la Mer du Japon. Là, des personnes furent blessées au cours de 31 incidents. En conséquence de quoi, plus de 1600 ours furent, soit tués, soit capturés et renvoyés dans leurs montagnes. Bref, l’ours défraya beaucoup les médias.
Le Japon héberge deux expèces d’ours sauvage. L’une est le hi-guma (ours brun). Mais c’est l’autre, le tsukinowa-guma (ours noir d’Asie), qui cause les problèmes. Il occupe des aires du Honshu, Shikoku et Kyushu. Une publication du Ministère de l'environnement, JaponVies Sauvages Menacées (Red Data Book), donne l’ours noir d’Asie comme une espèce menacée. Il n’en resterait plus que dix à douze milliers dans tout le Japon.
Les ours sont timides, toujours sur leurs gardes pour un danger éventuel. Leur habitat naturel est au cœur des montagnes les plus profondes (oku-yama), dans les forêts d’essences aux feuilles caduques, hêtres et chênes. Les noix et les glands constituent une part importante de leur ordinaire. Les bois s’étendant entre les zones habitées et les hautes montagnes — couramment appelées sato-yama — n’offrant pratiquement aucune nourriture correcte pour les ours, ils ne descendaient jamais de leurs montagnes pour inquiéter les humains. Mais depuis les années soixante-dix, combien de pentes de montagnes n’ont-elles pas été rasées de leurs arbres caducs pour y planter des conifères, comme le cèdre du Japon et le cyprès? Tout ceci a privé les ours de leur principale source de ravitaillement en faînes et en glands.
Voici comment Maita Kazuhiko, directeur de l’Institut de Recherches et Préservation de l’Ours noir d’Asie, voit le problème : « La détérioration des végétations naturelles de montagnes est signalée depuis au moins vingt ans. Les ours en souffrent donc depuis pas mal de temps. Cependant, nous estimons que les attaques et maraudages récents sont principalement dûs à la succession des terribles typhons essuyés récemment. »
Dix typhons* ont balayé le Japon en 2004, beaucoup plus donc que le record précédent de six sur une année civile (1990 et 1993 en eurent chacun six). La région du Hokuriku, où se sont produites de nombreuses occurences d’ursidés, a connu deux périodes de précipitations diluviennes au cours de la saison des pluies du début de l’été dernier. « Les ours ont l’habitude de grimper aux arbres pour leur festin de noix et de glands. Or, ces grosses tempêtes ont abattus leurs repas au sol, où des centaines d’autres animaux non grimpeurs ont eu beau jeu de s’en gaver, argumente Maita. Ce qui ne laissa aux pauvres ours que des rations de famine. En outre, facilement effrayés par le grand bruit, les ours ont dû vivre ces déluges et ces tempêtes sur le mode du stress le plus absolu. C’est cette combinaison de circonstances qui a dû les affoler et les faire sortir de leur réserve habituelle. »
Le tumulte indigné des humains sur les apparitions d’ours s’est apaisé une fois que les ours furent entrés en hibernation. Mais que va-t-il se passer lorsqu’ils se réveilleront au printemps? Les ours du Japon pourraient connaître l’extinction, il faut donc que l’homme traite ce problème avec la plus grande sagesse. Responsables à la fois de la sécurité des habitants et de celle des ours, les gouvernements locaux et les spécialistes de la faune sont confrontés à un grave dilemme. On en est donc à essayer d’imaginer des méthodes qui soient profitables à la fois pour les gens et pour la faune menacée.

* Un typhon se définit comme un système météorologique de basse pression tropicale avec des vitesses de vent maximales près de son centre d’au moins 17,2 mètres par seconde.
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