Résumons brièvement les étapes du processus de fabrication dune omu-raisu (omelette farcie de riz sauté relevé à la sauce ketchup) postiche.
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Le client fournit à la fabrique une omelette farcie authentique. La nourriture est placée dans une boîte de moulage, on verse le silicone par-dessus pour faire le moule. |
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Une fois le silicone durci, on détache lomelette, la vraie, et on la jette. |
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Un plastique liquide est versé dans le moule de silicone. |
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Moule et plastique sont chauffés au four. |
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Une fois démoulé, le modèle reçoit son coloriage. Une sauce, en plastique toujours, est versée par-dessus, et le modèle est à nouveau chauffé au four. Au sortir du four il sera prêt à être livré au client. |
Tous les ingrédients ne sont pas laissés entiers après le démoulage. Par exemple, les tomates peuvent être découpées en tranches au couteau pour aller garnir un plat, des citrons peuvent être coupés en quartier pour aller orner un verre de cocktail. Différents facteurs, comprenant la taille des ingrédients et leffet apporté par la découpe, créent une riche variété. On choisit également certaines combinaisons plutôt que dautres pour satisfaire aux desiderata du client.
Le manuel de la société détaille les processus de fabrication et guide les employés pour leur faire acquérir les techniques au plus vite. Mais là encore, le manuel nest pas tout dans cette affaire.
Shimizu Yoichi, de la division fabrication de cette société, nous met les idées en place : Un employé créatif fera plus que se conformer simplement aux instructions qui sont un minimum. Nous attendons de chacun quil continue de se poser la question : Comment pourrais-je my prendre pour que ma postiche paraisse aussi réelle et goûteuse, plus même, que la chose réelle? Nous accomplissons ici une uvre très créative, car nous ne cessons de remettre en cause nos procédés manufacturiers.
Le mets postiche ne se confectionne généralement quà la commande. Le fabricant est prêt à satisfaire une large gamme de demandes. Le mets de plastique nest pas toujours fabriqué pour les devantures des restaurants. Il arrive par exemple que lon demande au fabricant de confectionner des crèmes glacées pour une publicité télévisée. Une vraie crème fondrait avant la fin du tournage, alors quà lécran son substitut de plastique paraîtra infiniment plus alléchant. Lon voit donc que le mets de plastique possède une réelle valeur.
Les restaurants du Japon proposent ainsi une matérialisation de leur répertoire complet dans leur vitrine. Cest donc pour le client prospectif un menu virtuel. Plutôt que de devoir lire un menu abstrait, il peut savourer anticipativement en simaginant assis devant ceci
ou non, plutôt ça
là! Cette coutume est à notre sens pratiquement unique au Japon, mais cette dernière décennie elle a gagné nos voisins coréens, doù elle semble vouloir se répandre en Chine. Partie intégrante de la culture alimentaire du Japon, le mets postiche de plastique commence à aiguiser les appétits des autres pays également. 

À gauche : Iwasaki Co., Ltd., possède une palette de vingt-quatre coloris pour ses modèles de plats. Chaque couleur est étudiée pour correspondre très exactement à la teinte des grands ingrédients standards de lalimentation, tels que sauce tomate, ou soupe de nouilles ramen.
À droite : On verse des gélatines colorées pour contrefaire des breuvages populaires. Lorsquon en vient à la bière, le client précise par écrit la consistance, hauteur, etc. de la mousse.
Site Web de la Sé Iwasaki Co. (en japonais et chinois ):
http://www.iwasaki-bei.co.jp
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