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NIPPONIA No.28 15 mars, 2004
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Reportage spécial*
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La combustion de la
« glace » de méthane.
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L’hydrate de méthane,
la source d’énergie de
demain dormant sous le fond océanique
L’hydrate de méthane focalise l’attention comme une source possible d’énergie pour les générations à venir. Les géologues estiment que les fonds océaniques circonvenant le Japon contiennent à eux seuls suffisamment d’hydrate de méthane pour fournir l’équivalent d’un siècle d’approvisionnement de l’Archipel en gaz naturel. Aujourd’hui, le Japon doit toujours importer la plus grande part de ses ressources énergétiques. L’hydrate de méthane pourrait-il briser cette fatalité?
Texte : Takahashi Koki , Photos : Sakai Nobuhiko
Autre collaboration photographique et illustrée : Japan National Oil Corporation
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Prospection de l’hydrate de méthane à 100 km au large du Cap Omaezaki, Préfecture de Shizuoka, automne 1997. La profondeur de l’océan est ici de l’ordre de 200 mètres.
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Les pipelines de gaz naturel charriant un mélange de gaz et d’eau sont sujets à des obstructions qui entravent l’écoulement de gaz. Le phénomène est connu, il se produit lorsque les molécules de méthane contenues dans le gaz naturel sont prisonnières des molécules d’eau gelée, ce qui produit une accumulation d’une substance blanche, similaire à de la glace, qui finit par boucher la canalisation. Cette substance est l’hydrate de méthane, une espèce de « glace inflammable ».
L’hydrate de méthane est une substance cristalline, comme la glace, formée de molécules d’eau et de méthane. Stable à basses températures et forte pression, on le trouve principalement sous le permafrost et dans les formations géologiques sous le plancher océanique. Si nous pouvions extraire le méthane, nous pourrions l’utiliser en remplacement des combustibles fossiles comme le pétrole et le charbon. Dans les années 1970, les scientifiques du monde entier se prirent d’intérêt pour les potentialités de l’hydrate de méthane comme source d’énergie nouvelle.
Des sondages au sonar conduisent au constat renversant qu’il pourrait y avoir quelque chose comme sept billions (7 × 1012) de mètres cubes d’hydrates de méthane sous la mer entourant le Japon, soit l’équivalent de sa consommation d’un siècle de gaz naturel. Dès lors que 80% environ des sources énergétiques du Japon viennent d’outre-mer, il est évident qu’il serait éminemment souhaitable d’utiliser ce type d’énergie.
Entre 1995 et 2000, une recherche fondamentale fut entreprise lors d’explorations en vue de localiser l’hydrate de méthane dans la Faille de Nankai qui court au large de la côte pacifique, entre la Péninsule de Kii et l’île de Shikoku. La Faille de Nankai est une tranchée océanique courant parallèlement à une importante portion de l’Archipel nippon. L’on y a découvert effectivement, et extrait de l’hydrate de méthane, confortant ainsi les espoirs pour de futurs apports énergétiques prometteurs. Il n’en fallait pas plus pour décider le ministère de l’Économie, du Commerce et de l’Industrie à tirer un plan de seize ans, baptisé « Programme d’exploitation de l’hydrate de méthane », programme qui se propose d’explorer ce champ méthanier de 2001 à 2016 avec entre autres les objectifs suivants :
·
identifier les méthodes rentables d’exploration des ressources en hydrates de méthane que l’on estime enfouies entre 800 et 3 000 mètres sous le plancher océanique;
·
déterminer les points et les modalités de récupération de ces ressources ;
·
déterminer dans quelle mesure leur extraction et leur consommation seraient préjudiciables à l’environnement ; et
·
confronter les résultats des recherches au cours des phases d’exploration, du forage des puits d’exploration et procéder à des essais de production.
Les forages des puits d’exploration sur une douzaine de sites au large des côtes du Japon commenceront dès 2004, cette année donc.
Si le gigantisme des réserves supputées porte à l’optimisme pour l’avenir, une question subsiste : combien des sept billions (7 × 1012) de mètres cubes d’hydrates de méthane off-shore sont-ils récupérables, et à quel prix? Le projet irait à vau-l’eau s’il n’était possible de récupérer qu’une fraction des réserves par trop dérisoire, ou s’il s’avérait, une fois les comptes faits, que l’extraction et le transport de l’hydrate de méthane revenaient plus cher que les coûts d’obtention du gaz naturel et du pétrole. Il importe en outre de considérer la question sous l’angle du réchauffement de la terre. En effet, si l’hydrate de méthane est un carburant relativement propre — sa combustion est exempte d’émissions d’oxyde de soufre — , il n’en reste pas moins un gaz à effet de serre qu’il serait dangereux de laisser s’échapper dans l’atmosphère.
La « glace combustible » sommeille enfouie sous les profondeurs océaniques. Les chercheurs poursuivent leur exploration des meilleures méthodes d’extraction aux fins d’utilisation comme combustible. NIPPONIA
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Les réserves du Japon en hydrates de méthane off-shore
 
Méthode d’extraction possible
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La partie rose indique une poche réputée renfermer des réserves d’hydrate de méthane.
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Le caisson de forage à la surface de l’océan fait descendre verticalement une tige de forage.
Le trépan garnissant l’extrémité de la tige rotative fore le plancher océanique jusqu’à ce qu’il atteigne la poche d’hydrate de méthane.
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