Reportage spécial*
La combustion de la « glace » de méthane.
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Lhydrate de méthane, la source dénergie de
demain dormant sous le fond océanique
Lhydrate de méthane focalise lattention comme une source possible dénergie pour les générations à venir. Les géologues estiment que les fonds océaniques circonvenant le Japon contiennent à eux seuls suffisamment dhydrate de méthane pour fournir léquivalent dun siècle dapprovisionnement de lArchipel en gaz naturel. Aujourdhui, le Japon doit toujours importer la plus grande part de ses ressources énergétiques. Lhydrate de méthane pourrait-il briser cette fatalité?
Texte : Takahashi Koki , Photos : Sakai Nobuhiko
Autre collaboration photographique et illustrée : Japan National Oil Corporation
Prospection de lhydrate de méthane à 100 km au large du Cap Omaezaki, Préfecture de Shizuoka, automne 1997. La profondeur de locéan est ici de lordre de 200 mètres.
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Les pipelines de gaz naturel charriant un mélange de gaz et deau sont sujets à des obstructions qui entravent lécoulement de gaz. Le phénomène est connu, il se produit lorsque les molécules de méthane contenues dans le gaz naturel sont prisonnières des molécules deau gelée, ce qui produit une accumulation dune substance blanche, similaire à de la glace, qui finit par boucher la canalisation. Cette substance est lhydrate de méthane, une espèce de « glace inflammable ».
Lhydrate de méthane est une substance cristalline, comme la glace, formée de molécules deau et de méthane. Stable à basses températures et forte pression, on le trouve principalement sous le permafrost et dans les formations géologiques sous le plancher océanique. Si nous pouvions extraire le méthane, nous pourrions lutiliser en remplacement des combustibles fossiles comme le pétrole et le charbon. Dans les années 1970, les scientifiques du monde entier se prirent dintérêt pour les potentialités de lhydrate de méthane comme source dénergie nouvelle.
Des sondages au sonar conduisent au constat renversant quil pourrait y avoir quelque chose comme sept billions (7 × 1012) de mètres cubes dhydrates de méthane sous la mer entourant le Japon, soit léquivalent de sa consommation dun siècle de gaz naturel. Dès lors que 80% environ des sources énergétiques du Japon viennent doutre-mer, il est évident quil serait éminemment souhaitable dutiliser ce type dénergie.
Entre 1995 et 2000, une recherche fondamentale fut entreprise lors dexplorations en vue de localiser lhydrate de méthane dans la Faille de Nankai qui court au large de la côte pacifique, entre la Péninsule de Kii et lîle de Shikoku. La Faille de Nankai est une tranchée océanique courant parallèlement à une importante portion de lArchipel nippon. Lon y a découvert effectivement, et extrait de lhydrate de méthane, confortant ainsi les espoirs pour de futurs apports énergétiques prometteurs. Il nen fallait pas plus pour décider le ministère de lÉconomie, du Commerce et de lIndustrie à tirer un plan de seize ans, baptisé « Programme dexploitation de lhydrate de méthane », programme qui se propose dexplorer ce champ méthanier de 2001 à 2016 avec entre autres les objectifs suivants :
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identifier les méthodes rentables dexploration des ressources en hydrates de méthane que lon estime enfouies entre 800 et 3 000 mètres sous le plancher océanique; |
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déterminer les points et les modalités de récupération de ces ressources ; |
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déterminer dans quelle mesure leur extraction et leur consommation seraient préjudiciables à lenvironnement ; et |
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confronter les résultats des recherches au cours des phases dexploration, du forage des puits dexploration et procéder à des essais de production. |
Les forages des puits dexploration sur une douzaine de sites au large des côtes du Japon commenceront dès 2004, cette année donc.
Si le gigantisme des réserves supputées porte à loptimisme pour lavenir, une question subsiste : combien des sept billions (7 × 1012) de mètres cubes dhydrates de méthane off-shore sont-ils récupérables, et à quel prix? Le projet irait à vau-leau sil nétait possible de récupérer quune fraction des réserves par trop dérisoire, ou sil savérait, une fois les comptes faits, que lextraction et le transport de lhydrate de méthane revenaient plus cher que les coûts dobtention du gaz naturel et du pétrole. Il importe en outre de considérer la question sous langle du réchauffement de la terre. En effet, si lhydrate de méthane est un carburant relativement propre sa combustion est exempte démissions doxyde de soufre , il nen reste pas moins un gaz à effet de serre quil serait dangereux de laisser séchapper dans latmosphère.
La « glace combustible » sommeille enfouie sous les profondeurs océaniques. Les chercheurs poursuivent leur exploration des meilleures méthodes dextraction aux fins dutilisation comme combustible.
Les réserves du Japon en hydrates de méthane off-shore |
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Méthode dextraction possible |
![Image](../images/16_3.gif) |
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La partie rose indique une poche réputée renfermer des réserves dhydrate de méthane.
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Le caisson de forage à la surface de locéan fait descendre verticalement une tige de forage.
Le trépan garnissant lextrémité de la tige rotative fore le plancher océanique jusquà ce quil atteigne la poche dhydrate de méthane.
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