NIPPONIA
NIPPONIA No.27 15 décembre 2003
TOP

Akihabara, la Cité électrique —
Le plus grand marché d’électronique au monde
Le quartier d’Akihabara à Tokyo vend le dernier cri de l’appareillage électrique et électronique. Le matériel électroménager ou informatique, exposé jusqu’aux devantures des magasins, attire un va-et-vient incessant de clients et de badauds. Les changements des tendances du marché de la consommation ont entraîné, ces derniers temps, une modification du visage de ce quartier. Ces pages plongeront dans l’histoire de ce quartier d’Akihabara, des premiers temps de sa formation à aujourd’hui.
Texte : Sanada Kuniko, Photos : Sugawara Chiyoshi
japanese

L’avenue Chuo traverse le centre de la Cité électrique d’Akihabara. D’immenses magasins le long de l’avenue proposent tout ce dont on peut rêver en matière d’électroménager, ordinateurs et bien d’autres choses encore. La nuit tombe, mais le quartier semble beaucoup trop électrisé pour trouver le repos.
japanese

Peu après la Deuxième guerre mondiale, s’est développé à Akihabara un important marché du matériel électrique dont la renommée n’a cessé de s’étendre au monde entier. Des bombardements aériens massifs, vers la fin de la guerre, transformèrent une grande partie de Tokyo en champs de ruines, et une fois la paix revenue, les marchés noirs apparurent en maints endroits, et tout particulièrement à proximité des voies de communication les plus fréquentées. Akihabara était situé à l’intersection des lignes ferroviaires intra-urbaines Sobu et Yamanote (deux lignes actuellement exploitées par JR Est, mais qui à l’époque faisaient partie des Chemins de fer nationaux du Japon). Des étals sur la rue, vendant composants de postes radio et autre matériel électrique, proliférèrent autour de ce croisement. En 1951, la réglementation concernant le commerce en plein air étant devenue plus sévère, les marchands refluèrent dans des boutiques qui furent aménagées sous les lignes de chemin de fer aériennes à Akihabara. Ce fut alors le commencement de cet immense marché de l’électronique que l’on peut voir aujourd’hui.
À la fin des années cinquante, l’augmentation du niveau de vie permit à de plus en plus de Japonais d’acquérir réfrigérateurs, machines à laver ou télés noir et blanc. Akihabara s’agrandit donc naturellement et continua de le faire à mesure que les consommateurs commencèrent à s’équiper en télévisions couleur, climatiseurs et chaînes stéréophoniques. C’est de cette époque que date la renommée internationale d’Akihabara comme quartier vendant le dernier cri de l’électroménager et autre matériel électrique.
Le quartier essuya un coup dur vers la fin des années quatre-vingt lorsque les clients commencèrent à acheter dans les grandes surfaces, meilleur marché, qui se construisirent dans la banlieue autour de Tokyo. Ce fut alors que l’ordinateur vint au secours d’Akihabara. En 1994, les ordinateurs personnels et le matériel informatique rapportèrent davantage que l’électroménager, et permirent ainsi de faire d’Akihabara un paradis de l’informatique. Le profil de la clientèle se modifia aussitôt. Si avant, le consommateur venait souvent en famille, les nouveaux acheteurs sont désormais plutôt des passionnés de l’électronique à la recherche de matériel spécialisé.
Les bâtiments de quatre étages jouxtant la gare d’Akihabara, nichés sous les voies aériennes de la ligne Sobu, contribuèrent à ramener dans le quartier les jours de sa formidable prospérité d’après-guerre. Ces immeubles, appelés « Radio Center » et « Radio Department Store », abritent une multitude de petites boutiques qui rappellent les anciens étals. Ils sont serrés les uns contre les autres, ne laissant qu’un étroit passage pour permettre la circulation et proposent un bric-à-brac de câbles, composants et autre matériel pour les passionnés d’électronique.
Yamamoto Soji travaille dans une de ces boutiques, « Mimatsu Audio », qui vend tout, des connecteurs jusqu’aux caméras de télésurveillance. « Nous sommes très proches de nos clients, explique Yamamoto Soji, ce qui est ici chose facile avec ce genre de petite boutique. Nous sommes à l’écoute du client, pour savoir ce qu’il désire exactement et pour lui donner entière satisfaction. C’est que nous ne sommes pas des distributeurs automatiques.! » À Akihabara, le commerce passe d’abord par une bonne communication avec le client.
Près de la gare, des magasins typiques de cette « Cité électrique », comme on l’appelle, sont rangés côte à côte. Grands magasins d’électroménager, points de vente des principaux fabricants d’ordinateurs, magasins hors-taxe et autres détaillants garnissent les rues, la plupart situés cependant sur l’Avenue Chuo, où ils s’entassent, près de la gare. Ici, les consommateurs et touristes peuvent être sûrs de trouver ce qu’ils cherchent.
Mais les boutiques situées en dehors des grands axes n’en sont pas moins intéressantes. Dans les petites rues à l’ouest de l’Avenue Chuo, on rencontre toutes espèces de détaillants : petits magasins vendant des ordinateurs, boutiques de produits d’occasion, de jeux vidéo, de CD et DVD, et bien d’autres encore. Les acheteurs potentiels vont et viennent autour des boîtes empilées à la devanture des magasins, à la recherche de l’article rare. Les fins de semaines, ces rues se muent en une sorte de bazar, avec des étals croulant sous les produits.
Si Akihabara est surtout et à juste titre célèbre pour son matériel électronique et ses ordinateurs, il a considérablement évolué depuis six ou sept ans. Par exemple, le bâtiment « Radio Kaikan », en face de la gare, qui abritait surtout des boutiques de matériel électroménager, équipement audio et ordinateurs, a ouvert ses portes depuis 1998 à d’autres commerçants vendant des figurines, des cartes à échanger trading cards, mangas, animé, jeux vidéo et autres. Aujourd’hui ces produits occupent presque la moitié de la surface disponible.
japanese

BACKNEXT

NIPPONIA
TOP
   Reportage spécial*    Ce Japon étrange    Vivre au Japon
   Akihabara, la Cité électrique — Le plus grand marché d’électronique au monde    Bestiaire du Japon
   Bon Appétit!    Voyager au Japon    Interview de la page de couverture    Le Japon aujourd’hui