Reportage spécial*
Animé Une culture pop de lanimation au Japon
Le premier dessin animé japonais vit le jour il y a quatre-vingt-dix ans environ et le Japon se retrouve aujourdhui capitale mondiale de l«animé» (terme consacré, pour désigner les dessins animés japonais). Par quel processus lanimé sest-il développé en tant quindustrie et en tant que culture à part entière, et quelles sont les raisons de son succès dans le mode entier ? Nous parcourrons dans ces pages lhistoire du cinéma danimation au Japon pour tenter de répondre à ces questions.
Le phénomène mondial de lanimé : passé et présent
Texte : Yonezawa Yoshihiro
Les dessins animés japonais font fureur dans le monde entier
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Mobile Suit Gundam (Kidosenshi Gundam)
La race humaine habite en divers lieux de lunivers depuis un demi-siècle. Un groupe de cités de lespace mène une guerre dindépendance contre le gouvernement de la Fédération terrestre. Le jeune héros, Amuro Ray, parvient à sassurer le contrôle dune arme secrète appelée Gundam (ci-dessus) appartenant aux forces de la Fédération. Amuro se trouve alors entraîné dans la guerre. Cette saga décrit en outre les tourments du héros devant les trop lourdes responsabilités pesant sur ses épaules ainsi que devant les doutes sur le bien fondé de la guerre.
Télédiffusé à lorigine de 1979 à 1980.
© SOTSU AGENCY-SUNRISE
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La nomination du Voyage de Chihiro à lOscar du meilleur dessin animé long métrage aux 75es Academy Awards 2003, permit au dessin animé japonais dacquérir instantanément une renommée mondiale. Avant cela même, universellement diffusés, les animé japonais faisaient déjà la joie des enfants partout dans le monde, bien que la plupart ignoraient quil sagissait là de productions japonaises.
Les animé ont commencé à gagner de laudience dans le monde entier dès le début des années quatre-vingt-dix. Aux États-Unis, les héros des premiers animé télévisés, tels que Astro Boy (Tetsuwan Atomu, ou Astro, le petit robot) et Speed Racer (Mahha Go Go) ont acquis valeur de symboles. Heidi, fille des Alpes (Heidi) et CandyCandy (Candy) furent diffusés en Europe. On signale même que pratiquement 90 % des Espagnols avaient contracté la douce habitude de regarder Mazinger Z. Des footballeurs professionnels déclarent nêtre devenus des fervents du foot quaprès avoir vu Captain Tsubasa (Olive et Tom). Lengouement de Allemands pour Sailor Moon il y a quelques années, entraîna le pays dans un intérêt prodigieux pour dautres animé encore. En Asie, Doraemon et Dragon Ball (ou Dragon Ball Z) bénéficient apparemment dune notoriété supérieure aux dessins animés de Walt Disney.
Les animés cyberpunk qui explorent le futur proche dont Akira (de Otomo Katsuhiro), Ghost in the Shell : Stand Alone Complex (de Shiro Masamune ; ou GITS en abrégé), et aussi Neon Genesis Evangelion ont posé larchétype dont linfluence se fait sentir dans des films comme The Matrix. Le film Pocket Monsters (Pokemon), adaptation des jeux vidéo de la veine Pokemon, a créé des remous énormes aux États-Unis où il se range désormais parmi les classiques. Il se produit chaque semaine au Japon de cinquante à soixante nouveaux dessins animés, dont bon nombre sont exportés.
Animé et manga : une relation interdépendante
Pourquoi les dessins animés sont-ils si populaires au Japon, et pourquoi, surtout, attirent-ils tant dattention à létranger ? Pour répondre à cette question, on ne peut pas ignorer le puissant intérêt dont jouit le manga, ancêtre de lanimé. Autres raisons possibles, le cinéma danimation touche un large public, et le format de lanimé lui permet de sadapter facilement aux normes de chaque pays. Il en résulte que lunivers et les personnages de fantaisie du manga et de lanimé japonais sont actuellement largement connus.
En fait, des films danimation avaient déjà été produits au Japon avant la Deuxième guerre mondiale par des artistes comme Masaoka Kenzo et Seo Taro. Après la guerre, des longs métrages danimation, à commencer par White Colored Snake de Toei Animation, furent créés pour le cinéma dans la lignée des chefs-duvre de Walt Disney, et réussirent même contre toute attente à être diffusés dans le monde entier ; mais ce fut Astro Boy, dessin animé créé pour la télévision et loin du style Disney, qui posa les grands principes de base de lanimé japonais moderne en accordant une grande importance aux personnages et au scénario.
Tezuka Osamu était un grand admirateur des films danimation de Walt Disney. Lorsquil travaillait sur Astro Boy, il prit le parti de réduire le nombre dimages et dutiliser plusieurs fois les mêmes scènes. Si cette approche réduisait le mouvement et laspect esthétique, elle permettait de mieux se concentrer sur le récit et sur les temps forts dramatiques. Tezuka imagina divers moyens pour réduire les coûts de production afin de pouvoir demeurer en lice et produire continuellement des uvres nouvelles. Cest ainsi quil créa une forme dart unique en prenant des images immobiles et en leur conférant lillusion du mouvement, et aussi en multipliant les plans courts.
Astro Boy se révéla un succès fabuleux et ouvrit une ère nouvelle du dessin animé de science-fiction, où verraient le jour par la suite des titres tels que Iron Man 28 (Gigantor) et 8th Man (Eight Man). Il permit également de mettre en place un nouveau modèle commercial de dessin animé télévisé avec le développement de produits dérivés et la création de liens avec des sponsors.
Plus de la moitié des dessins animés produits dans les années soixante tiraient leur inspiration des histoires de mangas. Après le boom de la science-fiction, les dessins animés télévisés ainsi basés sur des récits de mangas se diversifièrent, avec des gros succès, tels que Sally the Witch (Sally, la petite sorcière), pour les filles, Q-taro the Ghost (Obake no Kyu Taro), dont le héros est un fantôme timide, et Star of the Giants, qui expose les tourments métaphysiques dun jeune joueur de baseball. Les manga à succès étaient donc adaptés en dessins animés pour la télévision, et sancrèrent ainsi dans la culture populaire. En même temps, trouvant un large public parmi les jeunes et les moins jeunes, le dessin animé finit par susciter un intérêt accru pour le manga, ce qui propulsa les ventes des livres de bandes dessinées.
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