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NIPPONIA No.23 15 décembre 2002
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Reportage spécial*
En haut : Hamanaka Katsuo à lentrée dune fosse où il cultive le udo. En bas : La taille du udo atteint en un mois un bon 70 cm. (Photo souterraine : Uchiyama Hideaki)
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Un cultivateur de udo
Hamanaka Katsuo
Il existe au Japon une plante cultivée sous terre et répondant au nom charmant de nanpaku-udo une espèce de longue asperge blanche très appréciée en grande cuisine. Le udo est une plante vivace de la famille des Araliaceae. On aime sa texture croquante et elle entre dans les tempura, soupes et assaisonnements au miso vinaigré. De pousser loin de la lumière lui confère un teint blanc immaculé et la rend à la fois tendre et agréablement croquante.
Le nanpaku-udo (ou udo blanc et tendre) est aussi appelé Tokyo-udo parce quil est cultivé principalement dans louest de Tokyo. Vers 1927, des cultivateurs découvrirent que le udo pouvait très bien venir dans des trous servant à stocker les patates douces. Bientôt lon vit de plus en plus de gens creuser des trous pour la culture du udo.
Un cultivateur de udo, Hamanaka Katsuo, les fait pousser dans la ville de Kokubunji, à louest de Tokyo. Et voici ce quil nous en apprend : Jadis, les cultivateurs ne possédaient point de serres, mais ils avaient tout de même découvert que les mois dhiver, cest-à-dire quand les autres cultures sont impossibles, étaient idéaux pour la culture du udo dans des fosses souterraines naturellement abritées de la froidure.
Hamanaka a ainsi sept fosses à udo dans son champ, dont cinq quil creusa avec son père, Teiichi. Chaque fosse fait 3,5 m de profondeur, avec des cavités latérales de 1 m de haut creusées à angle droit lune de lautre. Les cavités latérales sont devenues une plantation de udo souterraine.
Il faut savoir que louest de Tokyo est construit sur un épais matelas de cendres volcaniques patinées et tassées jusquà former un sol rougeâtre appelé terreau du Kanto. Suffisamment résistant pour ne pas seffondrer lorsquil est excavé, ce terreau convient admirablement à la culture du udo.
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Un guide souterrain pour la visite dune gare... sous-marine
Ogasawara Jun-ichi
En haut : Ogasawara Jun-ichi fait visiter cette station sous la mer. Il existe bien sûr une galerie de secours débouchant à la surface.
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En bas : Le percement du Tunnel Seikan, ce furent vingt-quatre longues années de lutte pour surmonter les défis posés par des substrats de roches tendres sous la mer. (Crédit photographique : Régie autonome japonaise des constructions ferroviaires)
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Le Tunnel Seikan court sous le détroit de Tsugaru, reliant les îles de Hokkaido et Honshu, continentalisant lArchipel. Le tunnel fait 53,85 km ne cherchez plus, cest le plus long du monde! dont 23,3 km sous le détroit proprement dit. Il a également deux gares : Yoshioka Kaitei, côté Hokkaido, et côté Honshu, Tappi Kaitei (kaitei signifiant tout simplement horresco referrens fond marin).
Ogasawara Jun-ichi, heureux et paisible retraité de la société ferroviaire JR Hokkaido, reprend sa besace tous les matins pour officier en qualité de guide de la Gare Yoshioka Kaitei. Avec ses collègues guides, il restera là jusquau soir à travailler par cent quarante-sept mètres de fond... sous la mer.
Il fait visiter la gare et fournit un déluge de chiffres et dinformations sur la structure du tunnel et les techniques modernes dexcavation, dans lesquelles, entre nous soit dit, les Japonais sont passés grands maîtres. Par exemple, commence-t-il, jexpliquerai quà cette profondeur, les terres exercent une pression de 100 kg sur une surface grande comme une pièce de 10 yens, soit 4 cm2. Autre histoire arrachant des oh et des ah admiratifs aux touristes bon enfant : lorsque sopéra sous le fond marin la jonction des deux galeries de percement lexcavation de chacune ayant commencé à une extrémité , les ingénieurs eurent le grand soulagement de constater quils ne sétaient trompés que de 19 centimètres! Laspect le plus gratifiant du travail de Ogasawara réside certes dans la contemplation inlassable des visages surpris de ses visiteurs lorsquil leur balance péremptoirement des faits aussi probants.
Ogasawara nous a assuré que, finalement, son travail de guide sous-marin lui remettait toujours en mémoire les incroyables difficultés rencontrées par les constructeurs du tunnel.
Pour plus dinformations :
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