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NIPPONIA No.17 15 juin, 2001

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Reportage spécial*

Ils ont fait des châteaux leur passion
Il y a ceux qui militent au sein de commissions pour la reconstruction d’un château local, ceux qui bâtissent leur propre château de rêve, et ceux aussi qui se consolent en organisant des circuits touristiques pour visiter les châteaux. Tous débordant d’amour pour les châteaux avec une idiosyncrasie unique, ils ne le cèdent en rien ni à personne pour l’originalité de leur caractère. Présentons ici quelques enthousiastes inconditionnels du château, sélectionnés aux quatre coins de l’Archipel.
Texte : Fukushima Emi et Torikai Shin-ichi Photos : Takeda Norihisa et Kono Toshihiko
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Une gentilhommière havre de détente pour tous
Kani Tsuyoshi, Préfecture de Gifu
La disparition de l’Empereur Showa en 1989 marqua pour le Japon la fin de l’ère synonyme et en ouvrait une nouvelle, dite de Heisei. C’était l’année même où Kani Tsuyoshi terminait la construction de sa “gentilhommière”, c’est tout naturellement donc qu’il baptisa celle-ci “Château Heisei Kani”. Cette construction s’élève sur un terrain de 1.370 m2 entièrement occupés par l’“enceinte du château”. Le donjon s’élance sur trois étages dominant le honmaru (enceinte principale), ainsi qu’une annexe censée conjuguer le ninomaru et sannomaru (deuxième et troisième enceintes). Crânement coiffé des classiques shachihoko décoratives, le faîte du donjon fulgure une lumière dorée castellisant littéralement l’atmosphère.
Kani perdit ses parents très jeune. Tout au long des années de “vache enragée” qui s’ensuivirent, il se soutint le moral en caressant un rêve fou : devenir propriétaire d’un château, de son château et dans sa province. C’est ainsi qu’après avoir amassé une petite fortune dans le commerce du gravier (pour couler le béton armé appelé par le prodigieux essor du bâtiment), le Kani quadragénaire put enfin réaliser son rêve.
Mais comme il entendait aussi que la communauté pût disposer de son château à des fins diverses, il aménagea le rez-de-chaussée du donjon en une seule grande pièce de quarante tatamis. C’était bien suffisant pour que les gens du lieu pussent s’y réunir en comités divers et y organiser des réunions et banquets. Cloisonné en studios, le premier étage fut consacré au karaoké pour que les bonnes gens du canton, la jeunesse surtout, pussent venir s’égosiller à loisir. “Je crois avoir réussi à créer un véritable centre culturel de communauté,” sourit le propriétaire béat.
Les enfants de Kani ont grandi, ils ont quitté le donjon familial, et il vit actuellement seul dans son spacieux “château.”
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De grosses “carpes brocart”, la fierté M. Kani, nagent paresseusement dans la belle pièce d’eau du jardin de façade du Château Heisei Kani.
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Un studio de karaoké au “château” avec l’équipement archi-complet : tapis rouge, boule à facettes, scène... rien ne manque.

L’énergie qui entraîne un site personnel sur les châteaux
Oka Yasuyuki, Préfecture de Hyogo
Traitant de l’histoire et des particularités des châteaux japonais, très complet et abondamment illustré, O-shiro meguri FAN(fans des tournées des châteaux) est un site Web passionnant à visiter. Oka Yasuyuki a lancé cette page d’accueil avec les moyens du bord, et sa passion est évidemment de parcourir les châteaux, qu’il visite systématiquement.
“Le site ne reçoit pas moins de 18.000 visites par mois. La plupart des visiteurs vivent au Japon, bien sûr, mais l’on a également des visiteurs de différents pays d’Asie, des Etats-Unis et d’ailleurs.”
Le site de Oka recense quelque trois cents châteaux. Il confie par écrit ses impressions sur certains d’entre eux, et s’il se trouve des visiteurs qui lui font part de leurs commentaires sur les châteaux qu’ils ont visités, il les met immédiatement sur son site. “C’est en fait la lecture de romans de cape et d’épée de notre Moyen-âge japonais qui m’a inoculé la passion pour ces lieux qui en furent le théâtre. C’est très fort, enthousiasmant, de recueillir sur place des impressions de ces temps révolus. Je m’invente des thèmes, par exemple, j’essaye d’appréhender toute la mesure dans laquelle la topographie a influencé la conception et l’architecture d’un château.”
Les 460 membres de ce club d’amateurs partagent l’information par le courrier électronique. Ils se posent des questions, des colles, sur les châteaux, organisent des voyages et animent des activités pour les mordus de châteaux.

Rendez-vous sur O-shiro meguri FAN : http://www.shirofan.com/(certaines parties sont traduites en anglais).

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Oka Yasuyuki au Château de Osaka. Il nous dit aimer ce château, et d’autres également, car on peut toujours s’y détendre, voir des gens et glaner quelques heures de bon temps.
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