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Tambo Art”, l’art des rizières : toiles grandeur
nature

« Yamata-no-orochi & Susano-no-mikoto » (le Serpent & le Dieu) une œuvre Tambo Art représentant le mythe japonais <i>Yamata-no-orochi</i> (serpent à 8 têtes et 8 queues) (Crédit photo : Conseil de Promotion de la redynamisation du village d’Inakadate)

« Yamata-no-orochi & Susano-no-mikoto » (le Serpent & le Dieu) une œuvre Tambo Art représentant le mythe japonais Yamata-no-orochi (serpent à 8 têtes et 8 queues) (Crédit photo : Conseil de Promotion de la redynamisation du village d’Inakadate))

    Le riz constitue la base de l’alimentation japonaise, avec une consommation moyenne annuelle de 8 millions de tonnes (soit environ 55kg par personne et par an), dont 98% sont produits sur le marché local. Les rizières représentent ainsi 54,4% des terres cultivées du pays (donnée de 2017), et est pour beaucoup de japonais le paysage le plus emblématique du patrimoine culturel national.
    Ces derniers temps, le « Tambo Art » (ou art des rizières) a particulièrement attiré l’attention. Ce courant artistique, qui tire son nom du terme « Tambo » (« rizière » en japonais) consiste à planter différentes variétés de riz, aux formes et couleurs diverses, pour réaliser des œuvres picturales colossales à admirer d’un point de vue en hauteur, tel qu’une plateforme d’observation.
    Le « Tambo Art » représente un phénomène majeur dans le village d’Inakadate (Préfecture d’Aomori) ainsi que dans la ville de Gyoda (Préfecture de Saitama), où des œuvres originales sont réalisées et présentées chaque année.

Différentes variétés pour une palette de couleurs diversifiée

    Le village d’Inakadate (Préfecture d’Aomori), considéré comme le berceau du « Tambo Art », a présenté en 2017 une représentation monumentale du mythe japonais « Yamata-no-orochi and Susano-no-mikoto », légende d’un serpent à 8 têtes et 8 queues (« Yamata-no-orochi ») vaincu par le Dieu SusanoSusano-no-mikoto »).
    La conception de cette œuvre « Tambo Art » reposait sur une trentaine de variétés de riz différentes, dont trois variétés de riz asiatique (violet, jaune et vert), une variété locale du nom de « Tsugaru Roman », de nouvelles variétés telles que la « Seiten-no Hekireki » et l’ « Asayuki », et de nombreux autres plants aux feuilles rouges, blanches, oranges, etc.

(De gauche à droite) le « Tsugaru Roman », aux feuilles vertes, le « Beni-Asobi », aux feuilles rouges, et l’ « Akane-Asobi », aux feuilles oranges (Crédit photo : Conseil de Promotion de la redynamisation du village d’Inakadate)

    La ville de Gyoda (Préfecture de Saitama), a quant à elle été reconnue pour son talent en la matière par le Livre Guinness des Records en 2015. En 2017, elle présentait une œuvre fondée sur le même mythe qui avait inspiré le village d’Inakadate la même année : une représentation de la légende « Inada Hime-no-mikoto & Susano-no-mikoto » mettant en scène la déesse protectrice des rizières (« Inada Hime-no-mikoto ») et le Dieu SusanoSusano-no-mikoto »), mariés après que celui-ci l’ait sauvée alors qu’elle était offerte en sacrifice au serpent « Yamato no Orochi ». Cette œuvre s’étendait sur une surface de 28 000m2, soit la superficie de 22 piscines olympiques bout-à-bout.
    Pour cette œuvre, la ville avait utilisé 9 variétés de riz différentes, dont une variété locale connue sous le nom de « Sai-no-kagayaki », ainsi que plusieurs variétés de la région de Tohoku, connue pour ces étés relativement frais : les planter dans la région nord de Saitama, connue pour ces étés caniculaires, représentait donc un pari audacieux.

« Inada Hime-no-mikoto and Susano-no-mikoto » (Crédit photo : Conseil pour la Promotion du « Tambo Art » et des Sessions de Riziculture Publiques de la ville de Gyoda)

« Inada Hime-no-mikoto and Susano-no-mikoto » (Crédit photo : Conseil pour la Promotion du « Tambo Art » et des Sessions de Riziculture Publiques de la ville de Gyoda)

Processus de création du Tambo Art

    Quels sont les procédés à l’origine de ces chefs-d’œuvre « Tambo Art » ?
    La première étape consiste à choisir un design, et à mobiliser des agriculteurs au savoir-faire rizicole affirmé, afin de garantir une culture des plants de qualité, condition sine-qua-non à une œuvre réussie : la croissance des semences étant une étape cruciale du processus de création artistique.

Ferme de riziculture (Crédit photo : Conseil pour la Promotion du « Tambo Art » et des Sessions de Riziculture Publiques de la ville de Gyoda)

Ferme de riziculture (Crédit photo : Conseil pour la Promotion du « Tambo Art » et des Sessions de Riziculture Publiques de la ville de Gyoda)


    Tandis que les semences sont cultivées en ferme, on commence à préparer la parcelle de rizière sélectionnée : le terrain est inondé, labouré et fertilisé. Un géomètre expert conçoit alors les plans du design choisi, et la parcelle sélectionnée est ensuite conditionnée et délimitée (segmentée) à l’aide de piquets et de cordes, afin de la mettre aux normes des plans du géomètre. Enfin, on définit l’emplacement spécifique des semences de chaque variété.

Esquisse du design du projet « Yamata-no-orochi and Susano-no-mikoto » (Crédit photo : Conseil de Promotion de la redynamisation du village d’Inakadate)

Esquisse du design du projet « Yamata-no-orochi and Susano-no-mikoto » (Crédit photo : Conseil de Promotion de la redynamisation du village d’Inakadate)

Esquisse du design du projet « Momotaro » (célèbre légende populaire japonaise), au Venue 2  (Crédit photo : Conseil de Promotion de la redynamisation du village d’Inakadate)

Esquisse du design du projet « Momotaro » (célèbre légende populaire japonaise), au Venue 2 (Crédit photo : Conseil de Promotion de la redynamisation du village d’Inakadate)

Esquisse du design « Inada Hime-no-mikoto and Susano-no-mikoto », apposée sur le plan de la parcelle sélectionnée pour le projet (Crédit photo : Conseil pour la Promotion du « Tambo Art » et des Sessions de Riziculture Publiques de la ville de Gyoda)

Esquisse du design « Inada Hime-no-mikoto and Susano-no-mikoto », apposée sur le plan de la parcelle sélectionnée pour le projet (Crédit photo : Conseil pour la Promotion du « Tambo Art » et des Sessions de Riziculture Publiques de la ville de Gyoda)


(De gauche à droite) Inspection de la parcelle et vue de la parcelle une fois segmentée (Crédit photo : Conseil de Promotion de la redynamisation du village d’Inakadate)


(De gauche à droite) Inspection de la parcelle et segmentation de la parcelle (Crédit photo : Conseil pour la Promotion du « Tambo Art » et des Sessions de Riziculture Publiques de la ville de Gyoda)

    Enfin, on procède à la mise en terre du riz : la plupart des municipalités où se pratique le « Tambo Art » organisent généralement, pour ce faire, des sessions publiques de plantation à la main.

Session publique de plantation à la main  (Crédit photo : Conseil de Promotion de la redynamisation du village d’Inakadate)

Session publique de plantation à la main (Crédit photo : Conseil de Promotion de la redynamisation du village d’Inakadate)

Session publique de plantation à la main (Crédit photo : Conseil pour la Promotion du « Tambo Art » et des Sessions de Riziculture Publiques de la ville de Gyoda)

Session publique de plantation à la main (Crédit photo : Conseil pour la Promotion du « Tambo Art » et des Sessions de Riziculture Publiques de la ville de Gyoda)

    Les mois de juillet et aout sont la meilleure période pour contempler les œuvres « Tambo Art », dont les couleurs atteignent leur paroxysme de vivacité à cette époque de l’année. Pour autant, on peut continuer d’en profiter jusqu’à la saison des récoltes, à l’automne. Une fois récolté, les grains de riz sont triés puis polis, et généralement offerts aux participants des sessions de plantages en gain de remerciement, ou encore utilisés pour la conception des déjeuners de sessions ultérieures.

Récolte de riz  (Crédit photo : Conseil de Promotion de la redynamisation du village d’Inakadate)

Récolte de riz (Crédit photo : Conseil de Promotion de la redynamisation du village d’Inakadate)

Vue de la rizière après la récolte  (Crédit photo : Conseil de Promotion de la redynamisation du village d’Inakadate).

Vue de la rizière après la récolte (Crédit photo : Conseil de Promotion de la redynamisation du village d’Inakadate).

A l’occasion des sessions publiques de plantation et de récolte, les participants reçoivent des « onigiris » (boulettes de riz) confectionnées à partir du riz ayant été utilisé pour l’œuvre « Tambo Art » de l’année antérieure (Crédit photo : Conseil de Promotion de la redynamisation du village d’Inakadate)

Les « Onigiris », boulettes de riz cuit enveloppées dans une feuille d’algues séchée, sont une spécialité japonaise et peuvent être fourrés de divers ingrédients, tels que du saumon grillé, par exemple.

Les « Onigiris », boulettes de riz cuit enveloppées dans une feuille d’algues séchée, sont une spécialité japonaise et peuvent être fourrés de divers ingrédients, tels que du saumon grillé, par exemple.

Tambo Art et engouement touristique

    Bien que le village d’Inakadate était parfaitement inconnu des touristes avant l’apparition du « Tambo Art », ce sont aujourd’hui près de 270 000 visiteurs qui y affluent chaque année pour contempler les deux œuvres originales que ses habitants et leur savoir-faire minutieux présentent annuellement. Par ailleurs, des contenus audiovisuels sur le « Tambo Art » sont régulièrement diffusés et actualisés sur le site officiel du village.

Œuvre « Tambo Art » Momotaro  (Crédit photo : Conseil de Promotion de la redynamisation du village d’Inakadate)

Œuvre « Tambo Art » Momotaro (Crédit photo : Conseil de Promotion de la redynamisation du village d’Inakadate)


    Le village d’Inakadate s’est aussi initié à la conception d’œuvres d’art en neige. Une fois terminée la saison des récoltes, les villageois sillonnent les rizières enneigées en y traçant un design choisi, qu’un jeu d’ombres et lumières vient ensuite sublimer : une toile féérique à contempler depuis une plateforme d’observation en hauteur, autour de laquelle prend alors place toute une série d’activités et réjouissances hivernales tout au long de la saison des grands froids.

Œuvre « Tambo Art » hivernale, Art de la Neige (Crédit photo : village d’Inakadate)

    La ville de Gyoda, pour sa part, organise, tout au long de l’année, une série d’activités touristiques, telles que des sessions de plantation et de récolte, des visites guidées, ou encore des ateliers de cuisine explorant tout le potentiel artistique du corps et des 5 sens. Un projet de « Tambo Art » a servi de décor pour le tournage d’un feuilleton, et un autre fut le fruit d’une collaboration avec le jeu vidéo mondialement célèbre « Dragon Quest ».

Œuvre élaborée en partenariat avec le célèbre jeu vidéo « Dragon Quest » (Crédit photo : Conseil pour la Promotion du « Tambo Art » et des Sessions de Riziculture Publiques de la ville de Gyoda)

Œuvre élaborée en partenariat avec le célèbre jeu vidéo « Dragon Quest » (Crédit photo : Conseil pour la Promotion du « Tambo Art » et des Sessions de Riziculture Publiques de la ville de Gyoda)

Installations artistiques en paille issue des récoltes de plants de riz (Crédit photo : Conseil pour la Promotion du « Tambo Art » et des Sessions de Riziculture Publiques de la ville de Gyoda)

« Omote-nashi Katchutai » (« armée de l’hospitalité) de la ville de Gyoda, présentant un sac de riz sec ainsi qu’un bol de riz cuit, produits issus d’une récolte d’œuvre de « Tambo Art » (Crédit photo : Conseil pour la Promotion du « Tambo Art » et des Sessions de Riziculture Publiques de la ville de Gyoda)

« Omote-nashi Katchutai » (« armée de l’hospitalité) de la ville de Gyoda, présentant un sac de riz sec ainsi qu’un bol de riz cuit, produits issus d’une récolte d’œuvre de « Tambo Art » (Crédit photo : Conseil pour la Promotion du « Tambo Art » et des Sessions de Riziculture Publiques de la ville de Gyoda)

    A l’heure actuelle, plus de 100 organisations réparties à travers le pays pratiquent le « Tambo Art », et au vu de son impact plus que positif sur le renforcement de la solidarité inter-régionale ainsi que sur la promotion de l’agriculture locale et du tourisme provincial, ce mouvement culturel offre de belles perspectives d’avenir.

Œuvre intitulée « Animaux Nocturnes », représentant des léopards des neiges, loups et cerfs Sika, Higashitakasu, ville d’Asahikawa à Hokkaido (Crédit photo : Comité JA Taisetsu pour le « Tambo Art »

Œuvre « Tambo Art » dédiée à Miyazawa Kenji, poète et auteur pour la jeunesse de la ville d’Hanamaki, dans la préfecture d’Iwate (Crédit photo : Conseil Hachiman pour l’Urbanisation)

Œuvre inspirée du thème de la « cigogne » (Crédit photo : Office du Toursime Tanto Silk Road)

Œuvre inspirée du thème de la « cigogne » (Crédit photo : Office du Toursime Tanto Silk Road)

Sur la gauche, « Takamori Saigo », personnage historique ayant grandement contribué à la modernisation du Japon.Sur la droite, « Ocha Murai », mascotte de la ville de Minami-Kyushu, créée en 2017 pour célébrer le 10ème anniversaire de sa fondation (Crédit photo : ville de Minami-Kyushu, Préfecture de Kagoshima)

Sur la gauche, « Takamori Saigo », personnage historique ayant grandement contribué à la modernisation du Japon.Sur la droite, « Ocha Murai », mascotte de la ville de Minami-Kyushu, créée en 2017 pour célébrer le 10ème anniversaire de sa fondation (Crédit photo : ville de Minami-Kyushu, Préfecture de Kagoshima)

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