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Des croisières authentiques, divertissantes et
inédites

Bateaux « Yakatabune » flottant sur la baie de Tokyo (Crédit photo : Association Yakatabune de Tokyo)

Bateaux « Yakatabune » flottant sur la baie de Tokyo (Crédit photo : Association Yakatabune de Tokyo)

    Les croisières touristiques, escapades loisir, dîners et fêtes en bateaux sont appréciés depuis déjà longtemps au Japon, et continuent de l’être. Il y existe de nombreuses locations de bateaux abordables, que les jeunes utilisent de plus en plus pour organiser leurs soirées entre amis. Que diriez-vous d’une expérience inédite à la japonaise ?

L’histoire des « Yakatabune »

    Les « Yakatabune » désignent ces bateaux japonais couverts, dont l’intérieur est tapissé de tatamis (matelas en paille tressée traditionnels japonais). Ils tirent leur nom du terme « Yakata » - résidences des personnalités de haut rang, telles que les nobles ou samouraïs d’antan. Les premiers « Yakatabune », aux proues ornementées d’une tête de dragon, de gibier d’eau ou autre figure similaire, sont apparus au 8ème – 9ème siècles : les nobles et personnalités influentes de l’époque les auraient utilisés pour s’y délasser, admirer les paysages de cerisiers en fleur ou de feuilles rougeoyantes de l’automne, écrire des poèmes ou encore jouer de la musique.
    Alors qu’ils étaient au départ principalement présents à Edo (actuel Tokyo), centre politique et économique du japon, les « Yakatabune » sont par la suite devenus de plus en plus répandus et populaires au fil du développement des conditions des rivières, entre le 17ème et le 19ème siècle : les « Yakatabune » sont alors devenus accessibles aux riches marchands et « Daimyo » (personnalités politiques provinciales), qui les utilisaient comme embarcations touristiques pour admirer depuis l’eau les cerisiers en fleur, clairs de lune, feux d’artifices, etc. Sous les effets de la concurrence, les bateaux sont devenus de plus en plus grands, beaux, luxueux, jusqu’à friser parfois l’extravagance, avec des ornements d’or, d’argent et de laque, entre autres.
    A l’origine, les riches marchands et puissants Daimyo eux-mêmes n’avaient pas accès aux « Yakatabune », et se contentaient alors, tout comme la population ordinaire, de « Yanebune », embarcations composées d’une petite cabine fixée sur une barque. Sur ordonnance du gouvernement, une loi est alors intervenue pour interdire les embarcations de grande taille, et à défaut des luxueux bateaux, réservés aux personnalités de haut rang, la population se résigna à construire de plus simples « Yanebune ».

« Représentation des deux rives de la rivière Sumida » par l’artiste Ukiyo-e Katsushika Hokusai, extraite du Volume 2 du livre « Kyoka » (Récit comique Japonais), conservée au Musée d’Art Sumida Hokusai). Cette illustration représente le pont bondé de piétons ainsi qu’une horde de bateaux, « Yakatabune » et autres, manœuvrés par des individus postés sur leurs toits

    Bien que toujours populaires et appréciés comme un loisir raffiné après la modernisation du Japon d’il y a 150 ans, la plupart des « Yakatabune » disparurent sous les effets dévastateurs de la Seconde Guerre Mondiale, et la vague de pollution des eaux et travaux de rénovation des berges des rivières de la période de forte croissance économique japonaise entre les années 1955 et 1972.
    Ce n’est qu’à partir de la fin des années 70 que les « Yakatabune » connurent leur renaissance, réappréciés du public comme loisir à la fois traditionnel et luxueux, grâce au boom économique (« économie de bulle ») des années 80 et aux meilleures conditions des rivières. L’équivalent moderne des « Yakatabune » de l’époque – désigné comme « restaurant mobile des rivières » - se répandit peu et à peu, offrant aux passagers des dîners panoramiques aux vues changeantes selon les saisons. Et l’apparition progressive de « Yakatabune » de groupe, pouvant être loués par de petits groupes privés, a significativement contribué à la popularité actuelle de ces bateaux.

Les « Yakatabune » d’aujourd’hui

    Jetons un coup d’œil aux réjouissances proposées par les « Yakatabune » d’aujourd’hui.
    Nombreux de ces bateaux offrent généralement une croisière touristique avec formule diner traditionnel, lequel est préparé à bord (tempuras, sashimis, etc.).

La plupart des menus proposés sont japonais, avec généralement comme plat vedette des <i>tempuras</i> fraîchement préparés à bord  (Crédit photo : Association <i>Yakatabune</i> de Tokyo)

La plupart des menus proposés sont japonais, avec généralement comme plat vedette des tempuras fraîchement préparés à bord (Crédit photo : Association Yakatabune de Tokyo)

    Les trajets de croisière en « Yakatabune » les plus populaires offrent des vues inédites sur les cerisiers en fleur printaniers et les feux d’artifices estivaux, tels que pouvaient les admirer les puissants Daimyo et les riches marchands d’antan.

Trajet de croisière le long des berges de la rivière Sumida, à l’éclosion des cerisiers. On peut par ailleurs voir, au second plan, la tour « Sky Tree » de Tokyo, l’un des spots touristiques majeurs de la ville  (Crédit photo : Association Yakatabune de Tokyo)

Trajet de croisière le long des berges de la rivière Sumida, à l’éclosion des cerisiers. On peut par ailleurs voir, au second plan, la tour « Sky Tree » de Tokyo, l’un des spots touristiques majeurs de la ville (Crédit photo : Association Yakatabune de Tokyo)

Croisière « feux d’artifice » (Crédit photo : Association Yakatabune de Tokyo)

Croisière « feux d’artifice » (Crédit photo : Association Yakatabune de Tokyo)


    Une autre croisière d’intérêt vous permet de faire l’expérience de « l’ascenseur des eaux » : elle vous promène le long du cours « Ogibashi Lock Gates » - connu comme le Canal de Panama du Japon – où le niveau de l’eau s’ajuste grâce à deux écluses datant d’il y a environ 300-400 ans.

« <i>Ogibashi</i> Lock Gates » (Crédit photo : Bureau de Construction de Tokyo, Département en charge des rivières).

« Ogibashi Lock Gates » (Crédit photo : Bureau de Construction de Tokyo, Département en charge des rivières).

Schéma du mécanisme des écluses d’Ogibashi.

Schéma du mécanisme des écluses d’Ogibashi.


Des bateaux croisière de luxe qui vous font sentir tel qu’un Daimyo

    Ces dernières années ont aussi vu l’apparition de bateaux de luxe sur le modèle de ceux que naviguaient les nobles et puissants Daimyo à leur époque.
    Entre le 17ème et le 19ème siècle, les Daimyo étaient assignés résidence primaire dans la capitale d’Edo, par ordonnance du gouvernement. Afin d’offrir aux touristes une reproduction moderne du trajet qu’ils effectuaient alors régulièrement entre leurs villes natales et la capitale, un grand bateau d’une longueur de 50 mètres nommé « Gozabune Atake-Maru » offre une croisière au départ de la baie de Tokyo : cette croisière vous fait notamment passer en dessous de l’un des principaux ponts touristiques de Tokyo, le « Rainbow Bridge ». Le terme « Gozabune » désigne les embarcations utilisées par les Daimyo avant leur accès aux « Yakatabune », et « Atake-Maru », le nom du bateau de luxe d’Iemitsu Tokugawa (3ème Shogun de la dynastie Tokugawa, une personnalité majeure de l’époque).
    L’intérieur du bateau, essentiellement revêtu de boiseries, offre une atmosphère chaleureuse, et la partie tapissé de parquet est aménagée avec assez de tables et chaises pour accommoder 120 personnes lors de diner-croisières au menu festif : chant, danse et spectacle, avec participation du public à la clé !

La construction du « Gozabune Atake-Maru » a été supervisée par Eiji Mitooka, le designer industriel qui a travaillé sur des projets d’envergure tels que le célèbre « Nanatsu-boshi » à Kyushu (train de nuit de luxe).

La construction du « Gozabune Atake-Maru » a été supervisée par Eiji Mitooka, le designer industriel qui a travaillé sur des projets d’envergure tels que le célèbre « Nanatsu-boshi » à Kyushu (train de nuit de luxe).

Le célèbre pont « Rainbow Bridge » de Tokyo

Le célèbre pont « Rainbow Bridge » de Tokyo

L’intérieur du bateau

L’intérieur du bateau


Le « Great Edo Feast Dance Show », spectacle traditionnel de l’époque Edo, joué à bord du bateau (Crédit photo : Ryobi Holdings)

Le « Great Edo Feast Dance Show », spectacle traditionnel de l’époque Edo, joué à bord du bateau (Crédit photo : Ryobi Holdings)

    De larges bateaux offrent par ailleurs des croisières estivales de nuit autour de la baie de Tokyo, à l’abri des grandes chaleurs de l’été : des locations de yukata (version de kimono léger d’été) y sont proposées à prix très abordables, afin de rendre l’expérience plus authentique : festivité et panoramas inédits au programme .

Groupe de femmes en yukata, profitant de la brise fraiche de la nuit sur le pont du bateau (Crédit photo : Tokaikisen)

Groupe de femmes en yukata, profitant de la brise fraiche de la nuit sur le pont du bateau (Crédit photo : Tokaikisen)

Jeunes gens profitant d’une soirée animée sur un bateau croisière de la baie de Tokyo  (Crédit photo : Tokaikisen)

Jeunes gens profitant d’une soirée animée sur un bateau croisière de la baie de Tokyo (Crédit photo : Tokaikisen)


    Tokyo ne cesse de multiplier les initiatives pour le développement des transports fluviaux autour des principaux spots touristiques de la ville, afin de faire revivre la « Cité des Rivières », comme on l’appelait à l’époque : et à l’horizon des Jeux Olympiques et Paralympique de Tokyo 2020, de nouveaux projets visant à booster l’industrie touristique japonaise fleurissent jour après jour, offrant de belles perspectives d’avenir pour le développement du secteur des croisières.

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