NIPPONIA No. 41 15 juin 2007

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Reportage spécialsp_star.gifOrigami

« Je voudrais que les gens du monde entier découvrent les joies de l’origami… »

Des habitants de pays étrangers regardent Kobayashi Kazuo en pleine démonstration des bases de l’origami.

« L’origami est un passe-temps, quelque chose que l’on fait pour le plaisir, alors ce n’est pas bien grave si au final le résultat est un peu tordu, ou si les plis ne s’alignent pas tout à fait. »

Tandis qu’il parle, ses mains s’agitent. Il tient le papier près de sa poitrine et plie, plie encore, sans même regarder ce qu’il fait. Puis il annonce : « C’est fini ! » Et dans sa paume, apparaît un charmant chien en origami.

« Le plus important, c’est de travailler vite, et joliment. Autrement, c’est ennuyeux à regarder faire. »

Kobayashi Kazuo est le directeur de l’Origami Kaikan (Centre d’Origami), et cela fait plus de trente ans qu’il voyage à l’étranger pour enseigner l’origami. Il accroche son public avec une réalisation basique, pas plus de cinq plis. « Au Japon, qui dit “origami” pense aussitôt “grue”. Mais je n’enseigne pas ça, c’est trop difficile. Déjà qu’il faut une vingtaine de plis! Et il faut connaître toutes les techniques de base de l’origami pour y arriver. Or, si c’est trop dur, les gens ne veulent même pas essayer. Et moi, je veux que les gens aient du plaisir avec l’origami. »

Kobayashi a parcouru le monde entier avec sa recette, passant par les Etats-Unis, la Russie, le Brésil ou encore la Thaïlande. En 2006, pas moins de 170 000 personnes sont venues assister à ses démonstrations durant une exposition de trois jours.

« La cérémonie du thé, l’arrangement floral, le théâtre kabuki et autres éléments de la culture japonaise sont connus et admirés à l’étranger, mais je trouve que le plus facile à appréhender, c’est l’origami. Vous n’avez besoin que d’une feuille de papier. Il faut voir la lumière qui s’allume dans les yeux des gens lorsqu’ils voient à quel point c’est facile. »

Kobayashi déclare qu’il continuera à se servir de l’origami pour aider les gens des pays étrangers à découvrir toujours plus l’aspect fascinant de la culture japonaise.

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Emblèmes de papier : renaissance d’un art ancien

Elle plie un carré de papier, place son modèle dessus, coupe ici et là, puis déplie le tout. Le résultat inattendu qui se déploie est d’une beauté peu commune. Monkiri asobi est un passe-temps manuel développé par les classes populaires durant l’époque d’Edo (1603-1867). Les formes obtenues sont en effet des mon, ces emblèmes hiéraldiques des familles d’autrefois. Shimonaka Naho, artiste spécialisée dans la création de formes uniques, a redonné vie au monkiri asobi comme un passe-temps moderne, commercialisant des kits tout-en-un et organisant des cours de monkiri tant au Japon qu’à l’étranger.

« Un mon, cela peut être une fleur, une plante, un animal, un oiseau, un objet quotidien, n’importe quoi en fait, même quelque chose à laquelle personne n’avait songé jusqu’ici. Lorsqu’on s’essaie au monkiri, c’est le vieux Japon qui revient, vous ravivez l’esprit d’antan et appréciez la richesse de la vie de l’époque. C’est une expérience irremplaçable pour les gens d’aujourd’hui. »

Ses étudiants aiment à décorer leur maison avec les emblèmes découpés, qu’il s’agisse de les suspendre dans une pièce, de les aligner ou encore de les coller sur le papier d’une porte coulissante shoji.

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A gauche : Des emblèmes découpés dans un papier épais sont suspendus, ajoutant une touche de charme au décor de la maison.
A droite : Le papier est plié en quatre (en haut), puis découpé aux ciseaux en suivant un modèle de papier (milieu). Les coupes délicates sont faites avec un rasoir. Ensuite, l’on retire le modèle, et le papier est délicatement déplié pour révéler l’emblème final (en bas).
Pour plus d’informations et d’illustrations de monkiri, visitez le site en langue japonaise : http://www007.upp.so-net.ne.jp/xpl/

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Origata: L’emballage du présent exprime les remerciements et la politesse

Au Japon, il est fort impoli de donner un cadeau ou de l’argent à quelqu’un sans tout d’abord l’envelopper avec du papier, voire du tissu. Les coutumes relatives à l’emballage remontent à plus de six cents ans, à une époque où l’étiquette de la vie en société était en grande partie dictée par les samurais. Ce sont eux qui développèrent les règles de l’origata, autrement dit l’art et la manière de plier le papier artisanal japonais pour en faire des décorations cérémonielles ou pour envelopper des présents. L’on considère l’origata comme un ancêtre de l’origami.

« Les nouveaux styles d’origata s’adaptent parfaitement à la vie moderne, comme nous le montrons à travers nos cours, nos expositions et dans les livres que nous publions », déclare Yamaguchi Nobuhiro, créateur et directeur de l’Institut de Création d’Origata, sis dans le quartier d’Aoyama à Tokyo. Lorsque l’on décide d’offrir un présent pour exprimer sa gratitude, l’envelopper dans du papier plié suivant les règles de l’origata est une exquise manière de montrer son espect et son désir de politesse. C’est là l’essence même de la pratique de l’origata.

Avant de commencer à plier, il convient de faire le vide autour de soi et en soi, d’oublier toute distraction pour se concentrer sur sa tâche. Le pliage du papier dépend à la fois de la chose à offrir, de l’occasion, et de la saison. L’une des règles de base est aussi de choisir un mode de pliage susceptible de subtilement révéler au destinataire ce que vous lui offrez.

Yamaguchi explique que le papier japonais choisi (washi) doit être non seulement solide et flexible mais aussi artisanal. « Quel que soit la face du papier par laquelle vous commencez, le résultat devrait être réussi. Si vous voulez faire du beau travail, un seul moyen : utilisez du washi de haute qualité. »

L’origata, ou comment, à partir d’une feuille de papier, exprimer la beauté, la politesse et la culture à la japonaise.

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Quelques exemples de styles d’emballages décoratifs en origata. (1) Pochettes où glisser les baguettes lors d’occasions formelles, telles que repas de Nouvel An ou banquet. (2) Emballage pour le thé. Il est courant au Japon d’offrir du thé de grande qualité. Ici un thé noir (ko-cha ou “thé rouge”), ainsi que l’indique le papier brun-rouge glissé dans la fente et recouvert d’un film. (3) L’emballage de ces cuillères symbolise à la fois l’hospitalité irréprochable de votre hôtesse et l’hygiène de ces instruments. (4) Un emballage origata devrait indiquer clairement ce que vous offrez. Ici, cette bouteille de vin est certainement enveloppée selon les règles, ce qui n’exclut pas une touche de sophistication.

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