Voyager au Japon Omi Hachiman
Biwa-ko, le plus grand lac du Japon, est situé au milieu de l’île de Honshu, et la petite ville de Omi Hachiman se trouve sur sa rive sud-est. Omi Hachiman est une ancienne ville-château du temps du shogun Toyotomi Hideyoshi (1537-1598), artisan de l’unification du Japon après des années de guerre civile et de destruction. Il fit de son neveu, Toyotomi Hidetsugu, le seigneur de cette région. Hidetsugu fit construire son castel sur le Mont Hachiman, puis établit une ville au plan en échiquier au sud de la montagne. Il y fit venir marchands et artisans et usa de son influence pour la construction de grandes routes et de canaux.
La famille Toyotomi eut beau connaître une fin tragique peu de temps après, la ville continua sa croissance commerciale, grâce à sa position de choix, aux alentours de Kyoto sur l’axe de communication est-ouest, et en tant que centre de transport fluvial sur les eaux du Lac Biwa.
Les marchands du coin étaient appelés Omi shonin, et certains étendirent leurs activités vers d’autres villes du pays, se taillant une réputation de succès en affaires. Les grandes maisons de commerce Marubeni et Itochu ont de fait été fondées par des Omi shonin, ainsi que d’autres entreprises talentueuses comme le fabriquant d’appareils ménagers Nishikawa Sangyo.
Je montai dans le train à Kyoto et débarquai environ une demi-heure plus tard à la station JR de Omi Hachiman. Depuis la station, un court trajet de bus, cinq ou six minutes tout au plus, m’amena dans la vieille ville de Hidetsugu.
La rue Shinmachi-dori traverse le centre-ville du nord au sud, déployant en arrière-plan une belle vue du Mont Hachiman. La rue est bordée de part et d’autre par plus d’une douzaine d’anciennes résidences de marchands, qui à l’époque étaient considérés comme fabuleusement riches, même selon les standards de cette ville opulente.
Je décidai de visiter l’une d’entre elles, l’Ancienne Résidence Nishikawa, ouverte au public. Etant donné que la famille Nishikawa avait bâti une fortune respectable dans le commerce des moustiquaires et de la literie futon, je m’attendais à une architecture chargée, mais foin de tout cela : je trouvai un intérieur plutôt austère, si l’on excepte la hauteur des plafonds supportés par de grosses poutres et des piliers d’un noir lustré. Une bonne illustration en somme de la rigueur de ces Omi shonin, dont la devise pourrait être « Frugalité est mère de l’économie ».
Me dirigeant ensuite en direction du Mont Hachiman, je me retrouvai au bord de la douve Hachiman-bori, qui servait autrefois non seulement de douve pour le château mais aussi de canal menant au Lac Biwa. Les deux rives sont toujours maintenues par des parements de pierre, au-dessus desquels s’élèvent les vieilles demeures et les réserves des marchands, aux murs de torchis peints en blanc – un décor dramatique idéal pour un film de samourais ou une série télé.
Le Sanctuaire Himure Hachiman se trouve juste au pied de la montagne. Dans la cour du sanctuaire se pressaient des enfants accompagnés de leurs parents, tout ce petit monde sur son trente-et-un – ils étaient venus pour le festival Shichi Go San, célébré en faveur de la bonne santé des enfants de sept (shichi), cinq (go) et trois ans (san). Les tenues des enfants n’auraient pas fait mauvaise figure dans un défilé de mode.