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NIPPONIA No.33 15 juin, 2005
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Bon Appétit!

La culture japonaise en cuisine

Short Cake

Le plus grand des petits plaisirs,
depuis des décennies

Texte : Otani Hiromi, journaliste gastronomique
Photos : Kono Toshihiko
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Crème fouettée immaculée et fraises vermeilles, ce “short cake” confectionné par Fujiya Co., Ltd. fascine l’esprit autant que l’œil. Le short cake paraît assez fréquemment à la table familiale pour les occasions festives. La pièce entière (à l’avant-plan droit) fait 18,5 cm de diamètre.
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Génoise aérienne et légère, fraises écarlates constellant une nébuleuse crème fouettée : c’est le short cake, la douceur favorite du Japon. Ébouriffée et moelleuse, si douce et si riche, sa crème fouettée fond dans la bouche. Les fraises à la précise fermeté et la juste note d’aigreur, une variété japonaise bien sûr, sont déjà en soi une fête des papilles. Mais ce sera à la douceur moelleuse de la génoise que reviendra le mérite de réussir l’harmonie de tous ces attributs. On chercherait en vain un Japonais qui n’a jamais goûté à cette ambroisie qu’est le short cake.
Le “short” de “short cake” semble emprunté à l’anglais “shortening”, ingrédient très courant en pâtisserie occidentale. La recette japonaise remonte au début du XXe siècle, 1912 très exactement, lorsque Fujii Rin’emon se rendit aux États-Unis pour maîtriser plus parfaitement les arcanes des pâtissiers et confiseurs occidentaux. Un dessert le fit tomber en arrêt : une génoise au beurre avec fruits édulcorés et crème fouettée. De retour au Japon en 1922, il mit au point une variante de son cru, dans laquelle s’harmonisaient magistralement fraises, crème fouettée et génoise. L’ancêtre du short cake moderne voyait le jour. Incidemment, Fujii fut aussi le fondateur de la société Fujiya Co., Ltd., l’un des premiers facteurs de pâtisseries-confiseries occidentales.
Vers 1952, pas très longtemps, donc, après la fin de la Seconde guerre mondiale, le gâteau avait plus ou moins trouvé ses canons tels que nous les célébrons aujourd’hui. Mais, en ces jours lointains, seuls quelques magasins le vendaient, pour la simple raison qu’étaient alors rarissimes les présentoirs réfrigérés.
Le gâteau fit ainsi sa première apparition dans les publicités télévisées de 1958, faisant saliver les Japonais de tout l’archipel. Mais ce fut la popularisation des présentoirs vitrés réfrigérés qui fit réellement décoller les ventes dans les années soixante.
Jusqu’alors, le gâteau le plus populaire était de la variété abondamment décorée, à généreuse teneur de beurre travaillé et de bonne conservation. Mais vers le milieu des années soixante-dix, le short cake réussit une échappée, et depuis ce sont ses adaptations qui se maintiennent toujours en tête du peloton. Bien évidemment, les autres grands confiseurs-pâtissiers ne furent pas longs à investir le créneau gourmand ouvert par Fujiya.
Aujourd’hui, avec pratiquement mêmes apparence et saveur que leurs homologues occidentales, les douceurs au Japon sont très en demande. Toutefois, le short cake, fusion unique des plus douces saveurs occidentales et japonaises, se porte particulièrement bien. Visitez le Japon aux alentours de Noël, vous le verrez vendu partout. Dites “gâteau”, et la plupart des Japonais verront danser devant leurs yeux cette étonnante génoise couronnée de crème fouettée et de fraises, avec soudain l’envie folle de courir en acheter ! NIPONIA
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