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NIPPONIA No.23 15 décembre 2002
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Haut : “Les toki sont toujours un peu nerveux et tendus, mais quelques temps de fréquentation de l’homme les font assez rapidement sympathiser. Je pense que de par leur nature, ce sont des oiseaux capables de bonnes relations de symbiose avec l’homme,” assure Chikatsuji Koki, responsable du Centre de Conservation de Sado pour l’Ibis Japonais. La grande cage dans le fond abrite des toki.
Bas : Le public est toujours très nombreux à vouloir jeter un coup d’œil sur cet oiseau de légende. Distance d’observation : vingt mètres, sinon l’oiseau risque de s’alarmer. Reste la possibilité de l’observer à la jumelle. (Photos : Sugawara Chiyoshi)
À droite : Yuuyuu prend de l’exercice dans sa cage.
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Sado, cette île longtemps isolée de la Mer du Japon, fut longtemps l’ultime sanctuaire du toki au Japon. En 1967, le Centre de Conservation de Sado pour l’Ibis Japonais fut aménagé sur la commune du village de Niibo-mura, afin de protéger et faire se reproduire l’oiseau. En 1981, on dut se résoudre à capturer les cinq derniers spécimens connus et à les installer sans trop demander leur avis avec un congénère captif, un certain Kin, aux fins d’élevage artificiel. Malheureusement aucun oisillon n’éclôt de ces unions, et ce fut ainsi que Kin se retrouva un beau jour à 35 ans le seul et unique toki japonais survivant, beaucoup trop vieux pour participer encore à la production d’une descendance.
Les bonnes nouvelles à présent. On redécouvrit des toki en Chine, pays qui les considérait comme éteints depuis belle lurette. Le Gouvernement chinois lança une campagne de sauvegarde de l’espèce — interdiction de couper les arbres, d’utiliser des pesticides dans la région — , et réussit finalement à élever artificiellement le mirifique volatile. Si bien qu’en juillet 2001, la population commençait déjà à s’étoffer un peu, jusqu’à quelque 155 individus en liberté et 175 en captivité.
En 1999, la Chine fit présent au Japon d’un couple aux noms charmants de Youyou et Yangyang, des amours japonaises duquel naquit un oisillon Yuuyuu, bien que toujours après incubation artificielle. Cette ‘naissance’ aussi auspicieuse qu’inespérée déclencha de grandes vagues de célébration dans tout le Japon, et immédiatement tout le monde voulut joindre sa voix à la campagne de retour des toki à la vie sauvage. Deux oisillons furent éclos en 2000, et puis encore onze, de deux couples, en 2001. Au moment où nous écrivons ces lignes (septembre 2002), la population de toki au Centre atteint déjà vingt-cinq individus.
“Nous espérons arriver à cent individus en cinq ans”, nous confie, vibrant, Chikatsuji Koki, responsable du Centre. “S’ils prolifèrent selon nos plans, notre étape suivante sera d’aménager un environnement propice en pleine nature. D’autres organismes, aux niveaux national, préfectoral et privé, travaillent beaucoup pour atteindre cet objectif. Nous espérons de tout cœur voir l’aboutissement de tous ces efforts.”
Lourde tâche cependant. Le personnel du Centre n’a pas le temps de pavoiser et se reposer sur ses lauriers de l’incubation et de la propagation artificielle. Une foule de problèmes se posent en effet avant que ces oiseaux ne puissent être rendus à la vie sauvage. D’abord les protéger de leurs ennemis naturels, comme la martre et le redoutable corbeau, aménager des aires d’alimentation et, non le moindre, les préparer à avoir envie de se débrouiller tout seul.
Le Ministère de l’Environnement a donc mis en place un projet-modèle triennal pour le développement de relations de symbiose entre les hommes et la nature, et de styles de vie autonomes au niveau local. Le projet, qui doit se terminer cette année, appuie fortement la recherche pour dégager des méthodes de restitution du toki à son milieu naturel, ce qui implique des consultations entre spécialistes, représentants gouvernementaux et résidents locaux. Les efforts visant à larguer les volatiles dans la grande nature vont certainement se multiplier, car de plus en plus de gens commencent à se rendre compte qu’un développement sauvage est terriblement pénalisant pour tous les habitats naturels. Lorsque se rétablira l’environnement, Japonais et Toki recommenceront à vivre en harmonie.
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Durant la saison des amours (février à juillet), les plumes de la tête de l’oiseau, les ailes et le dos deviennent gris foncé.
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Un éleveur nourrit les poussins à l’aide d’un genre de seringue sans aiguille.
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Centre de Conservation de Sado pour l’Ibis Japonais
http://www4.ocn.ne.jp/~ibis/ (site web de langue japonaise)
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