Bon Appétit! La culture japonaise en cuisine
Se relaxer dans une taverne japonaise, avec le saké et la nourriture de saison
Rédigé par Otani Hiromi, journaliste gastronomique Photos par Iida Yasukuni
Une tasse de saké et quelques tranches de sashimi de chinchard cru pour l’accompagner, sur le comptoir de bois qui a vu s’accouder tant et tant de clients au fil des années.
La petite lanterne de papier suspendue à l’entrée. La lumière fait ressortir la caractère kanji pour “Kanae,” le nom de cette izakaya. Kanae est ouverte tous les jours, sauf durant les congés du Nouvel An. Allez voir le site web :
http://www.kanae-3.com/ (en japonais seulement)
L’izakaya, c’est l’endroit idéal où aller après le boulot, lorsqu’un collègue vous suggère d’aller s’en jeter un en mangeant un morceau.
On ne fait pas de chichis dans une izakaya (on peut traduire ce terme par taverne). Une izakaya de style traditionnel – malheureusement en voie de disparition – aura presque certainement un rideau noren fait de cordelettes suspendu à l’entrée, ainsi qu’une lanterne rouge allumée, pour attirer le client. C’est pourquoi, même sans tout cela, les izakaya modernisées sont encore surnommées nawa noren (“rideau de cordes”) et aka chochin (“lanterne rouge”).
Jadis, les marchands de saké permettaient aux clients de goûter leurs produits, vendus au volume. Puis vers la fin du XVIe siècle, ils ont commencé à servir aussi des repas simples et ce fut la naissance des izakaya. Au début du XIXe siècle, elles étaient fort nombreuses. Dans la capitale Edo (le Tokyo d’aujourd’hui), l’on comptait bien plus d’hommes que de femmes, et donc toutes ces tavernes offrant saké et repas bon marché furent sans doute bien appréciées par tous ces célibataires.
Allons faire un tour chez Kanae, une izakaya située à Shinjuku, l’un des quartiers les plus vivants de Tokyo. Les boutiques et les bars du quartier changent sans cesse, mais Kanae occupe le même emplacement depuis 36 ans, un quasi-miracle dans ce coin de la métropole.
Soulevons le demi-rideau noren à la porte, entrons et prenons un verre. Nombreux sont les Japonais qui préfèreront une bière ou du shochu plutôt que du saké, mais Kanae, véritable izakaya s’il en est, est spécialisée dans la boisson des dieux. L’on y trouve les meilleures marques de tout le pays, ce qui rend le choix bien difficile !
« Je vous conseille quelque chose d’un peu différent pour votre prochain verre – quelque chose d’un peu plus sec, pour faire la transition avec ce que vous buvez maintenant » suggère le patron, Yamamoto Hirofumi. Il offre ce genre de suggestion sur demande et vous conseillera aussi sur le meilleur accompagnement pour votre repas. Ce genre de bavardage avec le personnel est un autre aspect agréable de l’izakaya.