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NIPPONIA No.30 15 septembre, 2004
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Tazuru Hitoshi cultive ses légumes kyo, ou légumes « de la capitale », à Kamigamo, Kyoto. Ce qui en fait le fournisseur de certains restaurants de la ville célèbres pour leur carte proposant une certaine cuisine pratiquée depuis des siècles dans la vieille capitale. Cest dire que le client sait quil peut sattendre se voir servir des produits de toute première qualité.
Les légumes kyo se cultivent dans la région de Kyoto depuis les temps les plus anciens, et sans eux, la cuisine régionale ne serait plus la même. Quelque peu différents par la forme, mais surtout par la saveur, ce qui est plus important, ils obligent souvent les gens à y regarder toujours à deux fois lorsquils se trouvent devant pour la première fois. Laubergine, par exemple, a la rotondité presque parfaite, tandis que le potiron, lui, nest pas du tout rond, sa forme comique tiendrait plutôt de la calebasse. Ils sont également légèrement plus volumineux que les variétés habituelles.
Les cultivateurs de la région ont sélectionné leurs semences tout au long de douze siècles dactivité ininterrompue, ce qui explique pourquoi les « légumes de la capitale » sont différents des variétés ordinaires. Après que la capitale fut transférée à Kyoto en 794, des légumes furent envoyés des quatre coins du royaume comme présents pour honorer la Cour. Certaines semences furent conservées et cultivées, et celles qui savérèrent convenir au mieux aux conditions et aux goûts locaux furent sélectionnées pour les futurs semis. Ce processus de sélection et délimination conduisit à lamélioration des variétés ainsi quà des méthodes de cultures particulières qui se transmirent de génération en génération.
Tazuru nous explique que ses ancêtres sintégraient également dans ce processus : « Cest pourquoi, très jeune déjà, jai voulu maintenir les traditions en vie »
Après avoir été diplômé dun lycée technique dagronomie, il commença par aider dans la ferme familiale. Cétait aussi lépoque où de plus en plus dagriculteurs se mettaient à cultiver des légumes ordinaires, comme des choux et des tomates, plutôt que les traditionnelles variétés de la capitale.
« En ce temps-là faire venir laubergine ordinaire rapportait beaucoup plus que la variété traditionnelle, dite kamo »
Il sentit que les légumes kyo disparaîtraient bientôt si personne ne se décidait à faire quelque chose. Il rejoignit donc un groupe de six jeunes fermiers qui fondèrent ensemble une Société des Légumes traditionnels de Kyoto. Ceci se passait il y a bien vingt ans. On commença donc par les semences des plantes qui se transmettaient dans les familles de génération en génération, tout en battant le rappel de toutes les autres semences dans les anciennes familles de cultivateurs dont ils avaient entendu parler.
« Aujourdhui, je fais pousser vingt types différents de légumes kyo. Lun deux, par exemple, le piment tanaka, nest pas fort, car cest en fait un des ancêtres du piment doux. »
Les champs de Tazuru occupent un hectare. On ly trouve déjà au travail dès cinq heures du matin, on ly trouvera encore toujours au coucher du soleil. « Ces légumes kyo ont la fâcheuse réputation dêtre un produit de luxe gastronomique, mais jespère bien quun jour ils entreront dans lordinaire du Japonais. Cest pourquoi je ne les lâche sur le marché que lorsquils ont atteint leur plus haut point de saveur, mais au prix le plus bas possible. »
Il y a quelques années, il a commencé damender ses parcelles de champs avec du compost fait des détritus alimentaires des supermarchés. Il met également au point de nouvelles recettes pour ses produits. Tout le travail fourni sur ses légumes kyo montre combien il sinvestit dans ce grand dessein qui est le sien de voir un jour davantage de Japonais, et pourquoi pas dautres gens aussi, sen régaler.
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