Reportage spécial“Japon, le Pays de l’Or”, mythe ou réalité?
A gauche : Puces de circuits intégrés issues de produits électroniques hors d’usage. Elles seront trempées dans de l’acide chloroazotique pour dissoudre l’or qui les compose. Après électrolyse de la solution, l’on obtient un or pur à 99,5% (photo du milieu). Cet or est électrolysé de nouveau, puis fondu (à droite). Le produit final est pur à 99,99%.
Les grands sacs alignés dans un coin de l’usine sont remplis de téléphones cellulaires, cartes-mères, puces de circuits intégrés et autres composants issus d’appareils ménagers usagés. L’on pourrait croire que tout ça est destiné aux ordures, mais en fait pas du tout – nous avons là une mine d’or potentielle, susceptible de fournir de l’or quasiment pur à hauteur de plusieurs centaines de grammes par tonne.
La plupart de l’or est fondu sous forme de lingots ou de bijoux, mais les choses changent. Voici quelques temps que les industries électriques et électroniques ont commencé à employer l’or pour recouvrir certains composants, et il ne fallut pas longtemps avant que l’or ne recouvre la surface des électrodes des puces de circuits intégré, et que les électrodes ne se connectent entre elles par des fils d’or. Une innovation plus récente consiste à recouvrir les surfaces du matériel d’enregistrement avec une pellicule d’or vaporisé. On l’aura compris, les industries actuelles emploient des quantités d’or surprenantes.
Combien d’or se retrouve sous cette forme ? Pour le Docteur Harada Komei de l’Institut National de Science des Matériaux (NIMS) : « On estime cette quantité à 6 800 tonnes, pour le Japon uniquement. » Autrement dit, pas moins de 16% de l’ensemble des réserves exploitables du monde, ou encore, davantage que les réserves de l’Afrique du Sud, le plus gros producteur d’or de la planète.
Si le monde continue à user et abuser des métaux rares et précieux, comme du fer et du cuivre aussi d’ailleurs, un jour il n’y en aura plus, comme on le prévoit pour le pétrole. C’est pourquoi l’attention se tourne vers l’exploitation des “mines urbaines” qui consiste à récupérer les composants de valeur de produits hors d’usage dans tout le Japon et de recycler les métaux qu’ils contiennent, en particulier ceux qui sont rares et précieux.
L’exploitation des “mines urbaines” a été inaugurée par des compagnies de raffinage des métaux. Elles ont commencé à récupérer et recycler des composants contenant de l’or, de l’argent et certains métaux rares, tels le platine ou le palladium. L’usine mentionnée en début d’article traite son “minerai” au moyen de processus chimiques et électrolytiques pour obtenir un or pur à 99.99%. Leur rendement est de plus de 500 grammes d’or par tonne de composants.
Mais il n’est certes pas facile d’ouvrir une “mine urbaine”. L’obstacle principal, c’est que sur les dizaines de millions de téléphones portables mis au rebut tous les ans au Japon, un tiers seulement se trouve récolté pour le recyclage. Pour le Docteur Harada et ses collègues chercheurs qui étudient le recyclage des ressources et des matériaux, l’industrie du recyclage a vraiment besoin de trouver de nouvelles manières de collecter tous objets électroniques mis au rebut tant par les particuliers que les entreprises et les usines, afin de pouvoir récupérer leurs circuits imprimés, leurs puces et autres composants de valeur.