NIPPONIA No. 38 15 septembre, 2006

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Reportage spécialsp_star.gifVivre avec des robots

Le projet actuel de Higashino Susumu est de réparer une autre karakuri, qui fait de la calligraphie cette fois. C’est également une œuvre de Tanaka Hisashige.

La poupée-robot Karakuri fait revivre
le XIXe siècle

Rédaction : Sanada Kuniko

Crédits photographiques : Photos de l’archer, propriété de la Collection Toyota; D’autres photos, Ogawa Hiroyuki

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Le jeune garçon, une poupée mécanique, bande son arc, vise et tire. Il répète cette séquence trois fois de suite avec des mouvements du corps et des expressions presque humains. Ce yumi-hiki doji (jeune archer) est sans nul doute le chef-d’oeuvre du maître marionnettiste Tanaka Hisashige (1799-1881).

Les premières poupées mécaniques karakuri virent le jour vers la fin de la période d’Edo, soit au début du XIXe siècle. On en compte trois types principaux :

  • Matsuri karakuri pour festivals, on les installait sur les chars paradant dans les rues ou sur une scène, ajoutant une touche artistique à l’atmosphère religieuse de la fête.
  • Kogyo karakuri à but uniquement divertissant, employées dans les théâtres de marionnettes.
  • Zashiki karakuri à but décoratif.

Dans la main : Ce Netsuke est le plus petit bateau mécanique du monde, un yakata-bune comme ceux qui accueillent, encore aujourd’hui, de joyeuses fêtes nocturnes sur la rivière. A gauche : Karakuri servant le thé.

Certaines ont besoin d’une main humaine pour bouger, ou pour le moins un contrepoids de mercure, de sable ou d’eau. Mais d’autres, comme l’archer sur cette page, se meuvent seules – il suffit de les remonter. Ensuite les fils et les roues dentées font le reste.

« Quand je l’ai déniché, il était extérieurement plutôt en bon état, mais les fils manquaient et il ne pouvait plus tirer, » raconte Higashino Susumu, le meilleur expert du Japon quant à la réparation et la recherche des karakuri, et aussi membre émérite de la Société japonaise des automates karakuri. « Lorsque je l’ai démonté, je me suis dit, wouahou, Tanaka a drôlement bien bossé. Au moyen d’un mécanisme on ne peut plus simple, il est arrivé à reproduire des mouvements et des expressions tellement proches de l’humain, c’est incroyable. Alors, en réparant le p’tit gars, j’ai cherché à rester le plus fidèle possible à l’original. »

Cet archer fait bien plus que simplement tirer des flèches. Il a été conçu pour bouger la tête et se mouvoir de façon naturelle, alors pour mettre au point le mécanisme, Higashino dut passer des heures à reproduire devant le miroir les mouvements d’un archer assis, afin de régler le mécanisme juste comme il faut.

« La technologie robotique japonaise est maintenant au top, mais en fait, ce n’est pas étonnant si l’on considère tout le savoir-faire qui remonte à ces inventeurs et artisans de la période d’Edo. J’espère que les gens du monde entier vont s’intéresser encore plus à ces technologies anciennes. »

Le yumi-hiki doji (jeune archer), fabriqué par Tanaka Hisashige (1799-1881), est admiré aujourd’hui encore pour son mécanisme avancé et sa performance.

1 Il saisit une flèche dans la main droite.

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2 Il la place dans son arc et tourne la tête vers la cible.

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3 Il vise et bande son arc.

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4 Il tire, puis regarde l’impact.

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5 Il revient à sa position initiale, prêt à saisir la seconde flèche.

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