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NIPPONIA No.25 15 juin 2003
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Voyager au Japon
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(1)Baie de Tokyo
(2)Osaka
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Jusqu’en 1868, Tokyo était connu sous l’appellation d’Edo, « La porte de la baie ». Jusqu’aux premières années du XVIIe siècle, la marée venait pratiquement battre les remparts du château d’Edo, résidence du shogun. Au cours du temps, tandis que la ville prenait de l’ampleur, de plus en plus de terres furent récupérées sur la baie. L’histoire du développement urbain à Edo et à Tokyo est aussi l’histoire de l’expansion de la ville sur la mer.
Même de nos jours, la baie de Tokyo est sans cesse repoussée pour dégager davantage de terre à la promotion urbaine. À l’épicentre de ces efforts, on trouve Odaiba, secteur récupéré sur la mer et développé en centre urbain de bord de mer. Odaiba doit son nom — il signifie « batteries de canons » — aux six îles artificielles construites au milieu du XIXe siècle pour y installer des batteries de bouches à feu censées défendre le fond de la baie d’Edo, et donc la ville, des canonnières étrangères. Le Odaiba d’aujourd’hui s’est constitué par le remplissage de la baie autour de ces six îles.
Le nouveau système de navette ferroviaire Yurikamome traverse le Rainbow Bridge pour relier deux mondes : d’un côté, le quartier de Shimbashi, surconstruit et encombré, et de l’autre, Odaiba, avec ses vastes perspectives de terrains nouvellement récupérés sur la mer et ses impressionnants complexes commerciaux, tours de bureaux et d’hôtels. À Odaiba, la cité est toujours en pleine croissance.
Les complexes commerciaux attirent toujours beaucoup de monde. À l’ÊAquacity Odaiba on trouvera des boutiques de vêtements, classiques ou dernier cri, restaurants et pubs chics, et des cinémas. À Palette Town c’est une salle de concert et d’autres attractions encore, si bien qu’il y a toujours quelque chose à faire ou à voir. Sans oublier la plus grande roue du monde qui, du haut de ses 115 mètres, domine la presque totalité de Tokyo depuis la baie. Mais d’autres attractions encore attendent le promeneur, ainsi le Centre international des Expositions, connu dans le monde entier pour ses salons commerciaux, sans parler de six musées pour stimuler et satisfaire toutes les curiosités, comme ce Musée national des Sciences émergentes et des Innovations, ou ce Musée des Sciences maritimes.
Après l’exploration du district d’Odaiba en pleine expansion, il suffit de prendre un train de la ligne Rinkai puis de prendre la ligne Yurakucho du réseau de métro pour se diriger vers le cœur de Tokyo en passant ce qui fut jadis les premières lignes de la récupération sur la mer : les îles de Tsukudajima et de Tsukishima.
Tsukudajima fut récupérée sur une zone du littoral découverte à marée basse, au milieu du XVIIe siècle. Des pêcheurs s’y installèrent et s’employèrent à approvisionner Edo en poisson frais. « De l’autre côté du pont Tsukuda ohashi, on trouve Ginza, avec son rythme de vie moderne et trépidant. On dit souvent que de ce côté-ci, nous vivons toujours à l’ère Taisho (1912-1926) », fait remarquer, philosophique, Miyata Matsunosuke, patron du Tenyasu, magasin où il a pignon sur rue avec ses produits de la mer mijotés dans la sauce de soja, appelés tsukuda-ni. On peut encore voir des bateaux de pêche et de vieux bateaux de plaisance à l’ancre qui rappelle ces temps révolus où la pêche était ici une industrie importante.
Au début du XXe siècle, une nouvelle partie du littoral découverte à marée basse fut remblayée pour produire une autre île, Tsukishima. Aujourd’hui, les deux îles se trouvent désormais soudées. De ces temps anciens à la fin de la Deuxième Guerre mondiale, Tsukishima fut un lieu important pour l’économie japonaise en raison de sa production de métaux et de machines. Aujourd’hui Tsukishima n’est plus réputée que pour son monja-yaki, une pâte de farine de blé et d’eau mélangée à un hachis de légumes et de viande, cuite sur une plaque en fonte. Les boutiques de monja-yaki se succèdent tout au long de la rue Tsukishima Nishi Naka Dori. En 1954, il n’y avait que trois échoppes proposant leurs monja-yaki, elles sont aujourd’hui soixante-six. Les gens viennent se promener ici pendant les fêtes, les fins de semaine, et l’on voit souvent les clients attendant d’être servis faire la queue devant les gargotes de monja-yaki.
Tsukudajima et Tsukishima sont connus pour leur vie de quartier à l’ancienne. Ces vieilles ruelles rappellent Edo et ses longs appartements en bois appelés nagaya. Cette partie de Tokyo fut heureusement épargnée par le grand tremblement de terre du Kanto en 1923 et par les bombardements de la Deuxième Guerre mondiale.
Lorsqu’on quitte le vieux quartier résidentiel, on tombe sur une zone de grands ensembles d’immeubles qui s’élançent orgueilleusement vers le ciel. Là, même au milieu de ces buildings ultra-modernes et de ce style de vie moderne, l’atmosphère omniprésente reste celle d’un vieux quartier tranquille et sympathique.
Odaiba, la cité du bord de mer, continue à s’agrandir, tandis que Tsukudajima et Tsukishima appartiennent désormais au bon vieux temps. Ces deux visages de Tokyo faisant face à la baie sont toujours là, prêts à susciter la curiosité des visiteurs.
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