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NIPPONIA No.20 15 mars 2002
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Vivre au Japon
Un projet de film prend
corps au Japon
John Williams
Texte : Takahashi Hidemine
Photos : Akagi Koichi
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John Williams devant l'affiche de son film Firefly Dreams.
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Lorsque le film Firefly Dreams sortit en première à Tokyo à l'été 2001, ses images poétiques et subtiles de la vie au quotidien au Japon touchèrent la corde sensible de nombreux cinéphiles. L'intrigue s'écoule doucement, contant comment, dans le Japon rural, une lycéenne et une dame, très âgée, comblent par leur entente le fossé des générations.
John Williams, trente-neuf ans, a écrit et dirigé ce film. Il est également chargé de cours sur la culture anglaise à l'Université Sophia de Tokyo. Il nous déclare tout de go qu'il voulait montrer dans ce film tout ce qui peut se produire lorsqu'un jeune Japonais se lie d'amitié avec quelqu'un qui a été jeune il y a longtemps.
John Williams est né à Saint Albans, en Angleterre. Très jeune, le cinéma le fascinait déjà. Après des études à l'Université de Cambridge, il commença à écrire des scénarios de films. À l'époque, il enseignait le français dans un collège du Royaume-Uni. Période assez frustrante, se remémore-t-il, parce que son salaire de professeur était bien mince, mais aussi parce que les producteurs ne manifestaient que fort peu d'enthousiasme pour les scénarios qu'il leur amenait.
Puis il y eut dans les journaux des demandes de professeurs d'anglais pour des écoles au Japon. “Pourquoi ne pas aller vivre au Japon pendant deux ou trois ans et écrire mes scénarios là-bas?” me dis-je dans un coup de tête.
Ce fut ainsi que débarquant au Japon en 1988 à l'âge de vingt-six ans, il commença à enseigner l'anglais dans une “école de conversation” de Nagoya, dans la Préfecture de Aichi. “J'avais toujours été un grand admirateur des films de Ozu Yasujiro. Ce qui impressionnait particulièrement les Anglais, et donc moi-même, dans ses films c'était l'écriture de la caméra contant si merveilleusement la culture traditionnelle par le truchement des tatamis et du coulissement des shôji, avec cet enchaînement de rythmes très particulier usant merveilleusement du ma, ces longues pauses dans la conversation, uniques au Japon. Nous considérions ses films comme quelque chose de très sérieux et en même temps un petit peu mystérieux. Mais une fois plongé dans la vie japonaise, je compris combien nous nous trompions. Je découvris que les films de Ozu montraient en fait un côté comique du quotidien japonais, et que beaucoup de ces scènes que nous regardions religieusement en Angleterre avaient en fait été écrites pour faire rire les gens.”
Cette révélation dessilla les yeux de Williams qui comprit que le but de la réalisation d'un film n'était pas seulement d'exprimer quelque chose artistiquement, mais aussi, et plus simplement, de s'amuser et d'amuser les autres.
Le scénario de Williams pour Firefly Dreams (titre japonais : Ichiban Utsukushii Natsu / Le plus bel été) lui fut en partie inspiré par une jeune fille qu'il avait rencontrée par hasard au Japon et qui l'avait intéressé. Quand il avait son âge, il se sentait très loin des adultes, exactement comme elle. Ce fossé psychologique l'empêchait de parler avec son grand-père, qui avait pas mal de choses à raconter pourtant, puisqu'il avait, sa vie durant, construit des bateaux un peu partout dans le monde. Williams raconte comment le scénario prit naturellement corps en se tournant vers sa propre jeunesse. Il écrivit en anglais, fit traduire en japonais, puis le montra aux acteurs. Ceux-ci suggérèrent quelques modifications, introduisirent même certaines de leurs idées dans les dialogues. Une scène fut aussi ajoutée pour permettre à certains acteurs de pouvoir raconter leur propre expérience de la guerre.
Firefly Dreams (Rêves de lucioles) fut tourné à Horai-cho, un village de rêve de la Préfecture de Aichi, lové dans une vallée encore intouchée. Certaines scènes se déroulent dans une auberge typique de sources thermales, d'autres dans une ferme abandonnée.
“Les gens du pays nous aidèrent sans compter durant les deux mois que dura le tournage. Chaque villageois qui entrait dans le projet le faisait comme volontaire. Les caméras tournaient pendant la journée, et le soir on buvait et mangeait, ou l'on faisait la fête. C'est dire si tourner un film avec ces gens fut une expérience follement amusante.”
Si au départ, le public visé par le film de William devait être les gens d'un certain âge, le film a attiré une foule de générations mêlées, aussi bien les lycéens que les gens âgés. Il fut chaudement acclamé tant au Japon qu'à l'étranger, et rafla des prix dans différents festivals, à commencer par le Festival du Film International de Hawai en 2001.
Le titre anglais, Firefly Dreams (Rêves de luciole) nous rappelle à tous que, quelque courte que soit l'existence, il nous est à tous donné d'illuminer, même avec la brièveté de la luciole, le monde de nos rêves, il suffit de les réaliser. Williams continue d'enseigner, mais il s'est remis à ruminer des idées pour son prochain film. Il poursuit son rêve avec constance.
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Entretien cordial sous le signe de l'humour avec une étudiante de Sophia. Les cours de Williams sont très suivis pour le haut intérêt de leur contenu.
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En tournage à Horai-cho, Préfecture de Aichi, où Williams a découvert, dit-il, combien cela pouvait être amusant de faire un film, principalement pour l'esprit d'équipe que cela implique.
http://www.100meterfilms.com
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