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NIPPONIA No.19 15 décembre, 2001
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Reportage spécial*
Coup d'œil introspectif dans les magasins de proximité
Ils sont pimpants et tapageusement éclairés. Extrêmement commodes également, puisqu'ils sont toujours ouverts et proposent une gamme très large de produits, les magasins de proximité se désignent au Japon sous le vocable à la consonance éminemment affectueuse, relevant presque du parler enfantin, deconbini(apocope de l'anglais “convenience store”, ici encore le japonais se calquant sur l'anglais, renvoyant à leur fin première qui est justement d'être le plus commode possible). Ces magasins font désormais partie du tissu social pour les “…jeunes de 7 à 77 ans”. Afin d'en apprendre davantage sur ce curieux phénomène social que constitue le “ conbini”, nous allons donc examiner dans ces pages ce qu'il s'y vend et surtout comment et pourquoi cela se vend.
Texte: Takahashi Koki, Photos: Sakai Nobuhiko, Collaboration: FamilyMart
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Le sexe et la tranche d'âge de tout client passant un produit en caisse sont enregistrés
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Le magasin de proximité vit le jour aux États-Unis. Beaucoup plus petit que le supermarché, son archétype, il n'en propose pas moins abondance d'articles constituant l'indispensable quotidien, depuis la denrée alimentaire et le magazine à l'article de papeterie et au vêtement.
Ces magasins firent leur première apparition au Japon en 1969, alors à l'apogée de sa croissance économique. Ils devinrent rapidement populaires par les atouts combinés d'une généreuse sélection de produits et d'une fourchette horaire très intéressante : de 7h du matin à 11h du soir, chaque jour de l'année, qui évoluera vers les 24 heures sur 24 à l'avenant des styles de vie de la clientèle. Rien de surprenant donc à ce que ces magasins de proximité se répandirent par tout le pays.
La plupart des magasins de proximité au Japon se conforment au système de franchise adopté par les États-Unis. Éléments d'une chaîne de franchise, les magasins s'acquittent de droits d'adhésion et de cotisations auprès du franchiseur qui, en retour, approvisionne les magasins en produits, édicte des directives de services, etc. Aujourd'hui au Japon, près de soixante chaînes de franchise contrôlent plus de 38.000 magasins de proximité dans tout le pays. (Outre ces derniers, il existe également une douzaine de milliers de magasins de proximité hors franchise.) Sur les points de grande concentration urbaine, quelques minutes de déplacement à pied vous font passer devant trois ou quatre de ces magasins.
Comment expliquer ce phénomène de croissance prodigieuse? Un facteur important consiste dans le système de “point de vente” (ou POS/Point of Sale), introduit pour la première fois en 1982 dans les chaînes des magasins de proximité japonais. Ce système de points de vente aide les magasins à gérer l'information portant sur la vente. Une partie de cette information, telle que le prix et le numéro de code du produit, se tire du code-barres imprimé sur chaque produit lu par le scanner lors du passage en caisse. D'autres informations sont enregistrées à ce moment, y compris le sexe et l'âge approximatif du client effectuant l'achat. De cette manière, la chaîne collecte des informations sur les opérations des magasins individuels, ce qui permet de se faire une idée sur quel genre de gens achète quels types de produits, quand, où, combien et comment.
Les données provenant du système “point de vente” tiennent informé le siège de la chaîne de franchise des produits qui se vendent bien, comme de ceux qui ne se vendent pas, et ce, pour chaque magasin. Seuls les produits se vendant bien sont commandés pour les magasins individuels. Ce processus d'élimination continue jusqu'à ce que chaque magasin se retrouve avec ses gondoles regorgeant de produits particulièrement vendants dans ce magasin particulier. Les données émanant des points de vente renseignent également le siège sur les quantités d'articles généralement achetées à certaines heures de la journée dans chaque magasin de la chaîne, ce qui va encore dans le sens d'un réseau de livraison redoutablement efficace. Les sièges centraux connaissent toujours les types et les quantités de marchandise qu'il faut livrer. Par exemple : des boîtes-repas chaque jour à 6h, 11h et 16h; des boissons six fois par semaine, des friandises et aliments congelés trois fois la semaine. Le résultat est que les clients seront pratiquement assurés que le magasin le plus proche aura ce qu'ils veulent, et quand ils le veulent. Et dès lors que le système de points de vente fournit une information toujours à jour, les magasins peuvent stocker des marchandises actuellement demandées dans les parages immédiats.
Beaucoup de magasins de proximité au Japon n'offrent pas plus de 100 m2 de superficie de rayons de vente, ce qui leur impose une limite maximum de trois mille types d'articles. Mais même ainsi, un magasin de proximité local est généralement toujours à même de proposer ce dont nous avons besoin pour la vie de tous les jours. Fidèles à leur appellation, ces magasins sont donc la commodité même.
Dès lors que les magasins de proximité japonais recourent à des systèmes techniques très modernes, tels que le “point de vente”, ils peuvent se permettre de ne stocker que ce que les gens veulent, ce qui explique la progression régulière de leurs chiffres d'affaires et de leur parc de magasins. Pour les consommateurs japonais, les magasins de proximité sont en train de devenir un élément essentiel de leur existence quotidienne.
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Le lecteur de code barres identifie le prix de chaque article et transmet l'information à une banque de données, ce qui maintient constamment à jour les quantités de produits identiques vendus ainsi que l'état du stock en magasin.
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