NIPPONIA No. 44 15 mars 2008

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Reportage spécialsp_star.gifA la santé du saké japonais!

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Tonnelet à deux anses. Le rouge symbolise une occasion joyeuse et de bon augure. On l’emploie pour servir le saké durant des épousailles, ou des festivals. Il tire son nom tsuno-daru (“tonnelet cornu”) de la forme de ses anses.

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Les marchands japonais de vins et spiritueux vendent des alcools du monde entier, mais pour les grandes occasions, saké ce sera, obligatoirement. Le saké, c’est sacré : cette idée a survécu, bon an mal an, jusqu’à nos jours. Il est tiré du riz, le pain quotidien du pays. Dans la nuit des temps, lorsque les ancêtres des Japonais priaient pour une bonne récolte, il est quasi certain qu’il adressaient en même temps leurs prières au dieu du saké. Ce kami (déité shinto) est vénéré dans divers sanctuaires shinto à travers le pays. Citons entre autres les vieilles cités de Kyoto (Sanctuaire Matsuo Taisha) et Nara (Sanctuaire Omiwa).

Au cours de cérémonies et de rituels religieux, le saké est non seulement bu, mais aussi présenté en offrande, aspergé sur l’assistance dans la bonne humeur, ou encore déversé sur le sol. Le but est de célébrer, de prier, de purifier, ou de s’attirer les bonnes grâces d’une déité. Lors du Nouvel an, de la Fête des Poupées et tous les autres jours de fête sekku qui rythment l’année, le saké est tout d’abord offert pour accueillir les dieux, avant d’être bu en accompagnement du repas. Que l’on signe un contrat important ou que l’on fasse des promesses, on le boit dans des coupes spéciales – le meilleur exemple, c’est l’échange des trois coupes (san-san kudo “3 gorgées, 3 coupes”) par les nouveaux mariés.

Tandis que les saisons se succèdent, ainsi change la beauté de la Nature, autant d’occasions à célébrer par moultes libations de saké. Au printemps, la floraison neigeuse des cerisiers invite à faire la fête sous les ramures : ces fleurs sont l’attraction-star des Japonais d’aujourd’hui. D’autres iront jusqu’à organiser des fêtes pour contempler la lune d’automne, voire la première neige hivernale.

La richesse du saké s’exprime encore d’une autre manière – dans la variété infinie de ses contenants, coupes ou bouteilles. Les flacons renfermant le saké sacré à l’usage des dieux sont d’un blanc immaculé, comme il sied à la nature pure et bénie du breuvage. Ils rayonnent d’une beauté discrète bien à eux. Tout aussi beaux, mais dans un autre registre, les récipients de laque rouge et noire, décorés avec goût d’or et d’argent. Les occasions joyeuses n’en sont que plus spéciales encore.

Vous l’aurez compris, pour les Japonais, le saké est bien plus qu’une boisson alcoolisée – c’est un élément incontournable de leur culture et de leurs traditions.

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Saké et festivals vont toujours de pair au Japon. Dans l’excitation générale, vous apercevrez peut-être des barriques de saké transportées à travers les rues sur les tabernacles portables (mikoshi), ou encore, les participants s’arrosant de saké dans la bonne humeur, comme sur la photo.

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Lorsque la cuvée nouvelle de saké est arrivée, l’imposante balle sugidama est parfois suspendue à la devanture du marchand de vin. Cette balle est faite de branches de cèdre sugi pressées ensemble. Selon une vieille croyance, c’est le dieu de la brasserie en personne qui descend résider dans la balle.

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Ci-dessus à gauche : Lorsque la floraison des cerisiers atteint son point culminant, c’est un chant de sirènes qui attire les fêtards sous les branches fleuries – pour boire du saké, bien sûr.
Ci-dessus à droite : Le saké doux amazake est servi lors du Festival des Poupées (3 mars). Cette variété, composé de bouillie de riz et de champignon kome koji, a une faible teneur en alcool.

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