NIPPONIA No. 42 15 septembre 2007

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Reportage spécialsp_star.gifLes mers splendides d’Okinawa

Vivre avec la mer

Si l’on en croit un vieux proverbe okinawan, “le bonheur vient de la mer.” La mer nous offre sans se lasser sel, poisson et mille autres richesses, provoquant en nous l’admiration et le désir de préserver ses bienfaits. Les gens présentés dans ces pages ont tous vu leur vie changer d’une façon ou d’une autre sous l’influence de la mer.

Rédigé par Torikai Shin-ichi   Photos par Ikeda Tsuyoshi

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Un travail d’équipe précis pour filer sur l’eau

Les Pandas Roses du Club d’Aviron Takara Harii

Les belles nanas de l’équipe des Pandas Roses avouent une moyenne d’âge de 28 ans. Elles s’entraînent aux environs de la ville de Tomigusuku, berceau des régates de harii.

A Okinawa, les régates de bateaux traditionnels à 10 rameurs harii étaient autrefois organisées dans le but propitiatoire d’obtenir du Ciel le salut du marin et une bonne pêche. Les régates ont toujours lieu de nos jours, mais dans un but plus ludique. Jadis, le banc des rameurs était occupé exclusivement par la gent masculine, mais depuis une dizaine d’années, les femmes s’y sont mises à leur tour, si bien qu’actuellement les régates féminines baptisées “madonna” font le bonheur des spectateurs un peu partout dans l’Archipel.

L’une de ces équipes féminines, Les Pandas Roses du Club d’Aviron Takara Harii, est basée dans le port de pêche de Yone, à Tomigusuku, non loin de la pointe méridionale de la grande île d’Okinawa. Il s’agit d’une équipe puissante, championne des régates madonna. Les entraînements ont lieu trois fois par semaine, après le travail, aller-retour successifs entre le port et un endroit choisi au large, pendant deux heures d’affilée. Lorsque l’équipe parvient à une harmonie telle que tout le monde respire au même rythme, l’esquif peut atteindre des vitesses incroyables.

« A chaque coup de rame, le bateau saute hors de l’eau durant un court instant. Lorsque nous avons l’impression de voler au-dessus des ondes, toutes en harmonie comme un corps unique, nous savons vraiment pourquoi nous ramons », muse Minei Akiko, capitaine de l’équipe.

Bon an mal an, chaque moment est un instant de partage. Toutes les coéquipières affirment que leur amour de la mer ne fut jamais si grand que depuis qu’elles participent aux régates de harii.

Lorsqu’une belle prise tire sur la ligne

Nakajima Katsuji, pêcheur de marlin bleu

Nakajima Katsuji ne pêche que la moitié de l’année à peine, lorsque la mer est calme. L’an dernier, il a capturé 45 marlins bleus et son objectif pour cette année est d’arriver à la centaine.

Yonaguni-jima est connue non seulement parce qu’elle est la plus occidentale des îles du Japon, mais aussi pour le marlin bleu, en japonais kajiki-maguro, que l’on trouve dans ses eaux. Depuis des années, les membres de la Coopérative de pêche de Yonaguni tentent leur chance, chacun espérant la prise du siècle.

Nakajima Katsuji fait partie de la coopérative. Il est venu ici il y a sept ans, abandonnant son Osaka natal à l’âge de 35 ans après avoir liquidé son affaire de commerce de proximité. Sa nouvelle carrière : pêcheur. « Avant même de m’installer définitivement, je venais chaque année pêcher le marlin ici – fallait-il que je sois accro tout de même. J’ai assez vite compris que mon rêve, c’était de devenir pêcheur. Et je me suis dit que si je ne le faisais pas dans la trentaine, je ne le ferais jamais. » Il prit épouse sur l’île et se trouve l’heureux papa d’une petite fille.

Ce qu’il préfère dans la pêche au marlin, c’est la lutte qui s’engage avec chaque poisson accroché à l’hameçon. Pour appât, une bonite – un poisson déjà de taille respectable. Lorsqu’un marlin bleu s’y accroche, il tire sur la ligne avec une force peu croyable. Le pêcheur enroule un peu la ligne, puis la laisse filer au bon moment, avant de la tendre un peu à nouveau. Il joue ainsi avec le poisson jusqu’à ce qu’il le sente fatigué. Alors, au moment opportun, il enroule la ligne et achève sa prise au harpon. « Même un “petit” marlin bleu, disons 90 kg, va se battre durant 30 à 40 minutes avant que je puisse le harponner. »

Le plus gros marlin bleu jamais capturé par un membre de la Coopérative de Yonaguni a fait pencher la balance à 700 kg. Le rêve secret de Nakajima, c’est d’en prendre un encore plus gros, un jour.


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